Il est des soirs d'où rien ne semble pouvoir naître. Et pourtant au détour d'un film, la surprise se fait.
Cette love song se jouera sans aucunes fausses notes jusqu'à la fin. Sans artifices ni surprises, on se laisse pourtant immédiatement capter par le trio d'acteurs composé de Scarlett Johansson, John Travolta et Gabriel Macht.
Si la première n'a que très peu de mauvais rôles à son actif, on ne pourra pas en dire autant de l'ancien danseur qui depuis Pulp Fiction a enchaîné les rôles de bad guy irritant jusqu'à l'indigestion faisant presque oublier qu'un jour il pouvait jouer autre chose. Quand à Gabriel Macht, quelle surprise ! L'alchimie entre les trois est immédiate dès le retour de cette fille dans sa Nouvelle-Orléans natale pour les funérailles de sa mère. Elle découvre la maison de son enfance occupée par deux alcooliques notoires, l'un détestable, espèce de pré-papy grincheux et égoïste; et l'autre, plus jeune, sympathique et accueillant. Trois personnages bien écrits, profonds, avec des caractères marqués et superbement joués.
Des liens vont se créer entre ces trois barques échouées sur les rivages de cette ville si attirante que l'on associe immédiatement au jazz. Bien que très peu présente ici, la musique n'en reste pas moins, comme la littérature, une grande force du film, accompagnant justement la façon dont chacun se dévoilera à l'autre et à lui même. C'est ce qui porte sur une histoire somme toute assez basique ce film: sa localisation, sa musique et ses personnages. Shainee Gabel, la réalisatrice dont on a du mal à croire que c'est le premier film tant il sonne juste nous gratifie à la fois de scènes poignantes et touchantes, de dialogues cyniques entrecoupés de citations et arrive à laisser une part de non-dits bienvenus dans cette historie emprunte de nostalgie et, de nostalgie anticipée par la peur de l'inachevé et du temps qui passe. Un très bon film.