Oui, Love Story, le morceau que le pianiste joue au resto dans la Cité de la Peur...
On a tous notre lot de films qu'on n'a aucunement envie de voir, et pourtant, on y va (à des fins personnelles) avec une fille. Je dis fille, et pas femme parce que c'est le film qui va vous faire plus facilement chialer une adolescente qu'une femme-faite. Pour l'année 1970/1971, c'était Love Story.
Love Story, c'est un pur produit de Studio. Erich Segal a vendu le scenario à la paramount par le biais d'Ali McGraw, le vice-président de la Major, Robert Evans est tombé sous le charme de la jeune femme, s'est marié avec elle, a produit le film et a rempli les poches de tout le monde. En faisant bien sûr un sacré coup de marketing lors du tournage, en faisant novéliser le scénario, qui est devenu juste avant la sortie du film un best-seller à travers le monde. Chose des plus incongrues à l'époque.
Une belle histoire, re-visitant Roméo et Juliette à la sauce 70's, avec une fin (ou un début) des plus triste et touchant. Qu'en reste t-il aujourd'hui? Un mélo à l'eau de rose pour les midinettes nostalgiques d'une époque attrayante...
Pourtant, Love Story, sans être un chef-d'oeuvre de cinéma américain comme il y'en eut tant durant cette décennie, est un film très réussit. Il est bien réalisé, bien interprété, la partition musicale de Francis Lai est devenue un véritable classique. C'est le Roméo et Juliette des années 70, comme en 1961, l'était West Side Story, cette perpétuelle ré-interpréation des amants de Vérone. Et c'est bien facile de trouver reléguer cette histoire à une simple romance sans intérêt. C'est l'essence même de l'histoire, si l'on en enlève la mièvrerie, point n'est de raconter l'histoire.
Et sur ce point, je conseillerai à ceux ou plutôt celles qui veulent voir le film de la voir en VF, car le version française est bien moins agaçante que la version originale. Robert Evans, sous les conseils de son copain Alain Delon (oui, il avait des amis!), a fait engager les meilleurs traducteurs et adaptateurs, ce qui permet au film de trouver plus d'âme dans ses dialogues. Et les doublages des années 70, ça ne collait peut-être pas toujours avec les labiales, mais au moins, c'était agréable à entendre.
Love Story est un film générationnel très réussit, il a certes pris un coup de vieux, mais n'en demeure pas moins une belle histoire à voir en charmante compagnie. Il n'est pas étonnant de voir que les prénoms les plus donnés au débuts des années 70 aux Etats-Unis sont ceux des protagonistes de cette triste romance.