Ce texte aurait dû être un tantinet salace, car porté par la testostérone d’un mâle quelque peu intrigué à l’idée de reluquer la divine Amanda Seyfried dans le rôle d’une des plus célèbres actrices pornographiques, réputée pour ces fellations amygdaliques. La première partie du film lui donna d’ailleurs raison, la vue d’une Amanda en seins et en fesses et toute à croquer en Linda Lovelace parsemée de tâches de rousseurs avait très honorablement fait monter sa température. Mais, parce-qu’il y a un « mais », la vie de la belle Linda n’ayant pas été que ce que son unique film a bien voulu nous montrer, la température rechuta très vite, la testostérone encore plus et le reste se ramolli à la façon d’un escargot effectuant un repli stratégique bien au fond de sa coquille.

Non, Lovelace n’est absolument pas une sorte d’hommage à un monde de la pornographie qui ne serait pas ce qu’on pense, où les femmes seraient épanouies, où la drogue serait « trop cool tu vois » et où le respect mutuel serait la règle. Lovelace est un hommage à Linda, jeune fille de famille conservatrice où la soumission de la femme est la règle, d’ailleurs si une femme est battue, c’est qu’elle l’a bien cherché. Lovelace est un hommage à Linda la naïve qui, pour apprendre à respirer un peu à vingt-et-un ans, va choisir le mauvais garçon. Celui qui entend faire d’elle sa propriété, sa marchandise, son morceau de bidoche à lui, dont il est libre d’user et d’abuser, dont il est libre de faire user ou abuser les autres contre quelques billets. Ce morceau de bidoche que l’on frappe pour l’attendrir, ce morceau de bidoche que le considère encore moins qu’une poupée gonflable. Cette femme que l'on vend à cinq hommes en même temps, donnant à vivre la scène la plus violemment révoltante du film. Jean Seberg demandait: "C'est quoi, dégueulasse ?"...c'est ça !

Lovelace est un hommage à Linda, femme escroquée et n’ayant même pas touché son cachet de 1250 dollars alors que le film a rapporté 160 millions de dollars à travers le monde. Lovelace est un hommage à Linda, femme considérée comme une femme facile par le monde de la pornographie, car on ne peut qu’aimer ça si on en fait son métier, pas vrai ? Lovelace est un hommage à Linda Susan Boreman, femme devenue forte par la force des épreuves et qui ne pu compter que sur elle-même pour sortir de l’enfer sur terre, pour oser publier un livre choc sur son expérience de seulement 17 jours dans l’industrie pornographique et finalement, tenter de nettoyer une vie tâchée par une erreur minuscule mais qui eu des conséquences dramatiques.

Lovelace est un film édifiant à voir pour comprendre que, comme dans tout autre genre de film, les pornographiques sont des fictions qui dissimulent des réalités souvent très loin de l’histoire qu’elles racontent. Amanda Seyfried a enfin trouvé un véritable rôle qui prouve enfin qu’elle est talentueuse et belle absolument. La narration, avec cette rupture en plein milieu du film qui nous amène à tout reprendre depuis le début, pour nous faire découvrir que les apparences nous ont trompé, est très intelligente. La seconde partie est aussi, voir plus sordide que la première n’était enjouée.

Peut-être que tout cela appartient au passé, mais peut-être pas tout à fait. Cet univers véhicule encore aujourd’hui le « pas trop mal » comme le pire du pire et, si cela pouvait être le legs de ce long-métrage, ce serait un encadrement le plus stricte possible de cet univers professionnel. Linda Susan Boreman n’a jamais été actrice pornographique, c’est ce qu’il faut se dire après réflexion, elle mérite, même décédée, que l’on efface de nos mémoires ce film tourné sous la contrainte et ce personnage qu’elle a joué l’âme malheureuse. Il ne faut pas voir ce film, ni aucun autre du même genre en tout cas, pour l’homme à la testostérone c’est bien fini...

P.S.: On pari que la mauvaise moyenne du film vient de ceux qui, au regard de l'affiche, espéraient en voir un peu plus ?
Jambalaya
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le 20 déc. 2013

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Jambalaya

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