Jeff Nichols est un cinéaste que j'apprécie énormément et il a été assez surprenant de voir le bonhomme sortir dans la foulée de Midnight Special un nouveau film, lui qui se laisse toujours un petit peu de temps entre deux oeuvres.
Loving est basé d'une histoire vraie, celle d'un homme blanc et d'une femme noire qui se marient à Washington avant de revenir en Virginie, où ils n'ont pas le droit de vivre ensemble. Nous sommes dans les années 50 et la ségrégation raciale est bien encore là. Le métissage est interdit dans cet état, comme dans de nombreux autres, principalement Sudistes.
Pour ce film, le cinéaste se place toujours à hauteur des deux personnages pour finalement délaisser toute la partie politique et juridique de la chose. Hormis sur la fin où le sujet sera rapidement abordé, l'ensemble reste très fugace de ce point de vue. En se plaçant à hauteur d'homme, le cinéaste offre donc l'amour entre les personnages, leurs difficultés face à une telle situation, leurs incompréhensions et bien d'autres choses encore.
Pour Nichols, il s'agit certainement de son film le moins singulier ou en tous les cas le plus terre-à-terre. Ce dernier s'inscrit également dans un moment où le débat racial est revenu au premier plan aux USA et notamment à un moment où la frange noire de la population manifestait régulièrement contre les violences policières.
Si Nichols nous offre un bon film, il aurait été bon quand même pour gagner en envergure de développer un peu plus le sujet juridique, tout en gardant cette hauteur d'homme. Il me manque aussi ce brin de folie ou de poésie comme on le trouve dans La Balade Sauvage de Malick pour gagner en émotion.
Mais Loving reste un bon film de Nichols, qui doit certainement encore gagner en maturité pour dépasser le statut de grand espoir du cinéma.