Concepteur de storyboards et scénariste chez Pixar depuis 20 ans ( Ratatouille, Là-haut, L’âge de glace…), Enrico Casarosa s’est lancé en 2021 dans la réalisation de son premier long-métrage, Luca, rendant ainsi hommage à ses origines italiennes.
Luca propose en effet un tableau haut en couleurs de la région de Gênes (ville de naissance du réalisateur) et plus particulièrement d’un village côtier inspiré de ceux de la région des Cinque Terre. L’histoire se situe dans les années 50 à Porto Rosso, village de pêcheurs où les habitants vivent heureux. On y chante des airs d’opéra, les pêcheurs écoutent Puccini sur un vieux gramophone, on y roule en vespa et on se régale de spaghettis. La seule ombre au tableau de cette vie idyllique est la peur des monstres marins que certains ont parfois aperçus de leur bateau.
Sous l’eau, nous découvrons les monstres marins…et oui, ils existent réellement mais ils n’ont pas l’air très méchants. Luca est un jeune triton qui vit avec ses parents qui lui ont défendu d’affronter la surface avec son soleil brûlant et ses méchants humains. Luca passe ainsi ses journées à garder les troupeaux de moutons…enfin, plutôt de poissons, tout en rêvant à ce qui se passe au-dessus.
Un jour, suite à l’accident d’un bateau de pêcheurs, il découvre émerveillé au fond de l’eau des objets humains, notamment un superbe gramophone. Il fait alors la connaissance d’un autre enfant triton, Alberto qui l’entraine vers la surface.
Et là, surprise, comme la petite sirène, Luca se voit transformé en humain, perdant sa nageoire pour une paire de jambes (sauf que ce n’est pas douloureux), dès qu’il quitte l’eau et devenant pareil à un enfant humain.
Les deux amis partent alors à la découverte de Porto Rosso et rencontrent une dynamique fillette, Giulia, adepte de vespa (le rêve des deux amis est de rouler un jour sur ce magnifique engin), qui va les entraîner à participer à un triathlon (escalade de la colline à vélo, course nautique et ingurgitation d’un gros plat de spaghettis ).
L’histoire est traitée sur un ton de comédie, empreint cependant d’une certaine nostalgie, les deux amis se savent différents et sont soumis au risque de recevoir de l’eau sur leur peau et de redevenir tritons, perdant alors, pensent-ils, l’amitié de Giulia et de son Père.
On pourra reprocher au film un développement un peu simpliste de l’histoire et quelques incohérences, comme lorsque les deux amis sont malades à l’idée de manger du poisson , avant peu de temps après d’accompagner à la pêche le père de Giulia et de faire un véritable carnage de leurs congénères marins, comme le prouve l’énorme tas de poissons déposé sur le port, résultat de leur équipée.
Le film propose ainsi une jolie carte postale, hommage au cinéma italien et sans doute aussi à Miyazaki par le nom Porto Rosso (fort semblable au titre Porco Rosso). Il respire la nostalgie des souvenirs d’enfance de son réalisateur à travers une histoire simple d’amitié et de découverte de la vie. Les couleurs vives (l’ocre et le jaune du village, la couleur violette des tritons) apportent chaleur et optimisme au film. L’équipe de réalisation s’est d’ailleurs déplacée en Italie, dans la région des Cinque terre, afin de s’inspirer des couleurs, des ruelles étroites et escarpées, des places et de ses boutiques typiques.
Un très joli film à découvrir.