L'Arras Film Festival est l'occasion pour les amateurs de cinéma de dénicher des œuvres inédites en France. En effet, entre les catégories Cinémas du monde et Découvertes Européennes, nombreux sont les films totalement inconnus dans notre contrée. La découverte est donc totale et permet de tomber sur de bonnes surprises telles qu'Accused.
Quatrième long métrage de Paula Van der Oest, l'œuvre s'intéresse à l'acharnement judiciaire dont a fait l'objet Lucia de Berk.
Retraçant chronologiquement la tragique trajectoire de cette infirmière dévouée, l'œuvre va mettre en parallèle l'avancée de l'enquête et comment Lucia va vivre ces évènements.
Nous découvrons tout d'abord les divers protagonistes dans leur quotidien respectif. La réalisatrice prend le temps de nous les présenter afin de comprendre leur mentalité, leur vie. Une fois le tableau esquissé, nous passons au vif du sujet : l'inculpation de Paula.
Le rythme s'accélère et se traduit par des bonds dans le temps fréquents permettant ainsi d'aller aux moments clés de ce fait divers. Un choix judicieux permettant de maintenir l'attention du spectateur en lui apportant son lot de rebondissements.
Pour autant, l'œuvre n'est pas qu'une simple compilation de scènes d'enquête et de délibérations juridiques. Accused comporte de nombreux moments permettant aux personnages d'évoluer via des dilemmes moraux ou des confrontations. Chaque personnalité a le temps de s'exprimer et d'évoluer. Au fil du récit, on finit par s'attacher ou détester les divers protagonistes.
Cette empathie ne serait pas possible sans la qualité d'interprétation que nous offre les acteurs, Ariane Schluter en tête de liste. Sa prestation est remarquable et réussie à retranscrire l'ensemble des facettes du personnage.
Un autre point fort réside dans la mise en scène proposée par Paula Van der Oest. En effet, le récit est parcouru de plans marquants tels que la scène d'ouverture où l'habitacle du fourgon de police est illuminé par les flashs des appareils photos.
On pourrait reprocher à la réalisatrice une absence de vieillissement des personnages. Cela aurait permis de rendre plus crédibles les années qui s'écoulent et marquent les protagonistes, mais ce détail est vite balayé par les nombreuses qualités du film.
Au final, l'œuvre est une réussite totale. La spirale infernale vécue par Lucia de Berk est parfaitement retranscrite. Comme quoi, la justice aveugle censée rendre un verdict impartial peut parfois se transformer en cécité empêchant la vérité d'éclater.