Les films d’Olivier van Hoofstadt réjouissent toujours un peu parce qu’ils se délectent de l’immoralité en reconstruisant une société à la corruption exagérée dans laquelle chacun, du flic à l’agent de sécurité d’un magasin de bricolage, est coupable. Et Lucky ne déroge pas à la règle, brossant le portrait de personnages tous plus pourris les uns que les autres et disposant d’une intelligence...relative.
La bonne idée du long métrage est de confier à un chien le rôle du cerveau d’une équipe de bras cassés, chien-policier entraîné pour débusquer les possessions de drogue. À noter la référence au film Un Poisson nommé Wanda, puisque les chiens que Willy a successivement adoptés ont tous le même nom, Lucky, nom des trois chiens de la vieille dame à tuer dans l’œuvre de Charles Crichton. L’intrigue repose ainsi sur un principe d’exagération et d’amplification : un canevas simple va prendre de l’épaisseur, se complexifier jusqu’à intégrer des acteurs différents et croiser des fils sinon séparés. Ce choix dramatique permet au réalisateur de développer une galerie de personnages secondaires hauts en couleurs et attachants, du dealer à deux à l’heure campé par Esteban à la cinquantenaire nymphomane interprétée par la très drôle Corinne Masiero.
Si la prestation de Florence Foresti n’emporte pas l’adhésion, la faute à un excès de jeu qui n’est jamais drôle, le duo masculin formé par Alban Ivanov et Michaël Youn s’avère plutôt sympathique et peut justifier le visionnage d’un film dispensable mais inoffensif, trop inoffensif justement pour être à la hauteur de Dikkenek.