Avec un monument comme le film Dikkenek, forcément on attend le réalisateur au tournant. Mais nul besoin de tergiverser ou de mettre la pression. Bien évidemment, c’était impossible de faire aussi bien que Dikkenek. Et ce n’est pas ce que j’attendais de toute façon. Je voulais voir un nouveau film, je voulais découvrir une autre facette de la personnalité d’Olivier Van Hoofstadt. Et le pari est relevé haut la main. Pour marquer le coup, le film a été projeté en avant-première sur la Grand-Place (un mois plus tôt que la sortie officielle) : le réalisateur et quelques acteurs étaient présents. Malgré le froid glacial ce jour-là, le public était au rendez-vous et les rires aussi. C’était mémorable de découvrir le film dans cette ambiance ! On s’imagine aussi la fierté et l’appréhension que ça doit être pour toutes les personnes qui ont travaillé sur le projet.
Le film démarre sur un bon rythme, on y retrouve plein de bons ingrédients, on se laisse très vite gagner par l’humour décalé et typique de chez nous. On voit à quel point Olivier s’est amusé à recréer des personnages grotesques, sans jamais tomber dans les caricatures. Des personnages du genre qu’on a déjà vu quelque part mais qu’on se rappelle plus vraiment où. Les différentes histoires s’enchainent, on ne perd pas le fil. Le réalisateur ne met pas vraiment un rôle à l’avant-plan et pourtant je suis subjuguée par Florence Foresti. Elle se surpasse, elle progresse comme un poisson dans l’eau (clin d’œil à la merveilleuse scène de Ruben dans la piscine). On y découvre un flic pourri jusqu’à l’os qui redouble d’efforts pour trouver une nouvelle magouille. Mais qui redouble d’efforts aussi pour décrocher le poste tant convoité dans sa brigade. Et elle tire son épingle du jeu. Un personnage féminin, central, à la fois malin et détestable. Qui domine l’écran, qui n’utilise aucun filtre dans son comportement ou son langage.
L'autre surprise du casting, c'est Kody ! Depuis son succès dans l'émission Le Grand Cactus, on ne le présente plus. Il a déjà prouvé à de nombreuses reprises qu'il est capable de se glisser dans la peau de stars internationales. Ici, on lui a créé un petit rôle de toute pièce qui lui va comme un gant, et qui promet un bel avenir au cinéma (en tout cas c'est tout le mal qu'on lui souhaite !). Dans Lucky, son humour est absolument délicieux : « sortez-moi de là ! » « de la prison ? » « non mettez-moi dedans ! »
Sans oublier de parler des décors tout aussi décalés, du genre qu’on a déjà vu quelque part mais qu’on se rappelle plus vraiment où. Un café transformé en vitrine en stoemeling, des décharges, un hangar pour accueillir un concours canin, des parkings, des magasins abandonnés… Olivier réussit mieux que jamais à montrer le beau côté des choses moches. Et à montrer aussi que les belles choses peuvent vite devenir moches. Comme la fin, un boomerang qui leur revient en pleine figure. Je ne soupçonnais pas qu’il se cachait une morale derrière un film aussi léger, racontant l’histoire d’un chien des stups.