Retour sur la deuxième saison de The Handmaid’s Tale. J’avais vu la première saison quasi en cours de diffusion donc l’attente fut longue… D’autant plus que le suspens était à son comble !


Quoi ? Vous n’avez pas encore vu la première saison ? Pour faire bref, il s’agit d’une société similaire à la nôtre qui fait face à une sérieuse crise : la population est de moins en moins féconde et par conséquent le taux de natalité ne cesse de chuter. Un gouvernement est mis en place, Gilead, pour tenter de sauver l’espèce humaine. Mais les techniques les plus barbares sont utilisées. Ils vont condamner à mort les dissidents, les homosexuels et les prêtres catholiques. Ils vont ensuite kidnapper les femmes fécondes pour les torturer, les rendre servantes et les placer dans des familles d’accueil. Chaque mois, un « rituel » aura lieu où elles sont violées par un commandant, tandis que l’épouse y participe également.


On comprend vite qu’elles ont été dépouillées de leur identité, de leurs droits, de leur dignité. Grâce à des flash-backs, on comprend aussi les atrocités que les servantes ont subies pour en arriver là. On voit la vie avant, pendant les attaques et la prise d’assaut du gouvernement Gilead. On voit les tortures que les « tantes » leur ont fait subir pour devenir aussi obéissantes. Sous la belle nappe blanche que tente de dresser cette société « modèle », tout n’est que chaos, violence et humiliation.


Dès le premier épisode, on plonge dans l’angoisse, je m’en souviens encore… Les images sont plus que traumatisantes, avec un souci du détail, des ralentis pour accentuer la douleur insoutenable et le zoom sur le regard de June (appelée Offred par sa « famille d’accueil », Serena et Fred Waterford). Sans parler de l’incroyable bande son ! Un autre aspect qui me fascine absolument dans la réalisation est le cadrage, ainsi que les rayons de lumière qui pénètrent les pièces, souvent en dialogue, parfois illuminant un personnage, parfois éblouissant, ou parfois totalement absent. Une sorte de filtre ‘sépia’ est utilisé qui rend la photographie intemporelle.


Les couleurs ont d’ailleurs toute leur importance : les servantes sont vêtues d’une longue robe rouge écarlate, pour symboliser le sang. Les épouses portent quant à elles des nuances de turquoise, une teinte pâle pour symboliser la pureté et la douceur. Les tantes sont vêtues de brun, pour symboliser l’éducation et l’autorité. Il y a également les Marthas, les bonnes à tout faire dans chaque foyer, qui sont vêtues de gris. Et enfin, les commandants vêtus de noir.


La cerise sur le gâteau de The Handmaid’s Tale ? Le casting : Elisabeth Moss (Peggy Olsen de Mad Men), Samira Wiley (Poussey, d’Orange Is The New Black), Ann Dowd (Patti de The leftovers) et Joseph Fiennes (oui oui, le frère de…).


Il faut savoir que la première saison est entièrement basée sur le roman écrit par Margaret Atwood en 1985. Pour la deuxième saison, les réalisateurs ont donc développé une trame inédite et cela relevait d’un défi de taille ! La première saison était une réussite, la qualité était au rendez-vous à chaque épisode. Bonne nouvelle : la deuxième saison a été plus qu’à la hauteur de mes attentes.


Attention : spoilers


La deuxième saison se déroule en plusieurs parties, June (Offred) est enceinte et tente de s’échapper, elle reçoit l’aide de Nick tout d’abord mais d’autres protagonistes aussi et leur décision sera fatale car elle est retrouvée à la dernière seconde et la liberté lui échappe du bout des doigts. Tous ses espoirs s’effondrent, June est plus que jamais brisée et traumatisée en voyant les conséquences de ses actes envers les personnes qui l’ont aidée. Le retour à la case départ est brutal. Le mode survie est toujours activé, mais désormais elle ne se bat plus sa liberté, elle se bat pour l’être qui grandit en elle. La deuxième saison est, selon moi, marquée par trois événements qui s’enchaînent :



  • lorsque Janine profite d’un moment avec son bébé, en lui chantant une berceuse, qui était entre la vie et la mort et, par la force de persuasion de June, celle-ci parvient à le sauver en faisant appel à une Martha (qui n’exerce plus son métier mais qui était la meilleure chirurgienne dans le domaine).

  • le viol que subit June (en dehors du rituel, pour soi-disant stimuler l’accouchement) après une fausse alerte où elle nargue une fois de plus les Waterford.

  • le moment où June retrouve sa petite fille (qui lui a été enlevée lorsqu’elle est devenue servante).


L’impact de cette scène fut d’autant plus grand, car elle a été diffusée exactement au même moment où Trump (dans la vraie vie donc) avait séparé les familles d’immigrés et le scandale avait éclaté dans la presse. Sur Twitter, le message posté par le compte officiel de la série était clair :



A child's place is in her mother's arms.



Après cet épisode, les événements se déroulent rapidement. June se retrouve seule dans la maison. Elle tente de s’évader, puis elle échappe au commandant quand il revient la chercher. Elle accouche seule et elle décide d’appeler à l’aide pour assurer la sécurité de son bébé. Je ne peux que souligner le talent de l’actrice qui a montré le côté le plus primitif de l’acte, elle tourne la scène entièrement nue…


On réalise aussi le système barbare qui se laisse abuser par ses propres règles. Désormais, on condamne deux personnes qui s’aiment (illégitimement) mais qui ont toutes leurs chances de procréer. Elles n’ont pas le choix, le repenti ou la mort par noyade. Ils ne reculent devant rien, ils préfèrent faire régner la terreur plutôt que de garantir une future naissance.


Là où la deuxième saison étonne vraiment, c’est sur la décision finale de June, qui abandonne son nouveau-né, dans les bras rassurants d’une autre servante en pleine fuite, pour rester à Gilead et (d’après ma supposition) tenter de sauver sa fille. Elle réalise qu’il n’est plus question de rester dans cette prison de verre et que plus personne n’est à l’abri. Il me tarde de découvrir la troisième saison.

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le 7 août 2018

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