"The godfather" et ses suites n'auraient peut-être pas été les mêmes sans ce film.
L'intrigue est certes décousue mais reste plaisante, grâce à ce ton réaliste, à ces personnages finalement pas si inquiétants, c'est d'ailleurs ce qui fait tout leur intérêt, parce qu'ils ont l'air de gens normaux quand ils ne se baladent pas avec des gardes du corps ou armés de flingues. C'est assez intéressant. Puis on circule entre les différents personnages, c'est presque un film choral, mais sans la volonté de raconter des histoires fortes pour chacun, c'est plus comme la construction d'une maison, où il faut forcément s'attarder sur chaque aspect (mesuiserie, plomberie,...) pour en comprendre l'ensemble ; c'est assez fort. Mais en même temps le film trouve vite ses limites émotionnelles pour le spectateur qui ne pourra donc jamais pleinement profiter de la maestria de ce Lucky Luciano comme on le verrait dans un film à structure plus classique. Mais je ne m'en plains pas car Rossi est ce genre d'auteur à vouloir dépeindre sa réalité, sans trop de fioriture, avec un côté très politique, et ça permet d'avoir ainsi un contre-coup par rapport aux classiques de Coppola et De Palma.
Ceci étant dit, ça n'empêche pas le réalisateur de proposer quelques plans magnifiques d'un point de vue photographie : ainsi, ces gangsters qui mitraillent dans l'obscurité, avec une lueur qui apparaît furtivement grâce à la fumée de cigarette, c'est d'une beauté hallucinante, presque paradoxale par rapport au style du réalisateur ; ceci étant dit le reste du film reste assez plaisant à regarder, moins maniéré, plus naturaliste et spontané, mais plaisant. Le découpage est bien pensé, le montage bien rythmé et les acteurs sont bons.
Bref, un chouette film.