Tebé or not tebé
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Quand on apprend le cinéma, on devrait toujours commencer par se poser la question suivante : qu'est-ce qu'il ne faut surtout pas faire ?
Lucy est un bon exemple en la matière.
1. La philosophie de comptoir
Si vous voulez aborder un sujet philosophico-expérimental tout en profondeur intellectuelle dans un film d'action, c'est déjà qu'il y a un problème (Sauf dans No Pain No Gain). Si vous ajoutez des pseudos personnages intellos qui racontent des poncifs en 20 secondes avec quelques successions de plans éclectiques pour faire "arty", c'est qu'il y a un problème. Si vous souhaitez donner du fond et de la forme à votre propos, commencez par faire des recherches. Allez à la bibliothèque, lisez des bouquins incompréhensibles, nourrissez votre esprit, ou adressez-vous à un type qui s'y connait (ou une meuf aussi). Moi j'aime bien la philosophie de bistrot, parce qu'elle se prend pas vraiment au sérieux. Lucy part d'un postulat déjà controversé et va quand même aller jusqu'au bout du problème sans jamais se remettre en question, et c'est ridicule.
2. Trop d'artefact tue l'artefact
Lucy propose tout un gerbi d'action sans ni queue ni tête, on passe d'une idée à une autre, avec des effets spéciaux à coup de truelle comme pour faire preuve d'avoir proposé une dynamique digne d'un film d'action. Au final, tout va trop vite, on ne prend pas le temps d'explorer l'hypothèse du Docteur Freeman, et Besson rajoute couche sur couche en matière de mise en scène soporifique. La subtilité, la lenteur, la retenue, sont aussi des ingrédients utiles dans les films d'actions.
3. Il faut toujours qu'il y ai un baiser à la con
Lucy va embrasser le flic, comme çà, juste pour voir, alors qu'elle l'a rencontré 3mn avant. A croire que dans chaque mode de production d'un film à gros budget, il y a une case obligatoire à cocher dans le contrat qui stipule "Scène de baiser sexy avec la meuf trop bonne".
C'est une récurrence chez Luc Besson, par ailleurs, et chez beaucoup de réalisateurs hommes. Les femmes sont toujours fantasmées, et elles doivent forcément développer une attirance pour un type ; soit le méchant, soit le gentil, parce qu'après tout les femmes sont toujours un objet de désir au cinéma.
4. Casting de star
Il y a un truc qui m'énerve souvent, c'est cette habitude à vouloir caster des stars juste par frime. Comme si vous vous persuadez qu'en rajoutant un.e super acteur.ice, ça donnerait du poids à votre film. L'avantage est surtout économique : c'est sûr que vous allez remplir votre salle avec des stars hollywoodiennes. Mais n'empêche que je ne comprend pas le principe de vouloir prendre une star avant même d'avoir cherché à faire en sorte que l'acteur.ice corresponde vraiment au rôle. Si je décide d'embaucher Robbert Pattinson pour jouer un éboueur nazi fan de Jackie Chan, est-ce que c'est ok ? Dans Lucy, Luc besson a choisi Morgan Freeman pour jouer le pseudo scientifique méga deep : je suis sûre que Morgan Freeman a accepté uniquement parce qu'il avait une grosse facture d'électricité à payer. Prenez le temps de bien choisir vos acteur.ices, et arrêtez de les sélectionner pour vous faire mousser par vos potes. (bon ok moi je kiffe Robert Pattinson)
5. Le méchant et le gentil
On est d'accord, il y a les méchants chinois (ah merde sud coréens), la jolie blonde trop badasse, le noir intelligent (oui ils sont intelligents), le flic un peu dur à cuire avec une gueule d'arabe, bon. Les stéréotypes de personnages, lorsque ceux ci sont alimentés par des clichés tirés de l'imagination étriquée de l'auteur, c'est naze. Si on pousse ce théorème dans ses retranchements, ça donne : Brad Pitt déguisé en samouraï, Omar Sy en bourgeois catholique coincé, Josianne Balasko en gouine camioneuse. Sans déconner, vos personnages doivent être singuliers, authentiques, contradictoires, et pas sortit tout droit d'un forum de 4chan.
Voilà quoi, t'sais.
Créée
le 27 nov. 2023
Critique lue 12 fois
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