Funny Luc Terrence Lars Besson

Avec @Krokodebil, membre éminent de SensCritique que vous admirez tous et dont vous vénérez les critiques enchanteresses, on a parlé de pas mal de choses sur ce site et ailleurs: de notre passion pour LvT, du cinéma quoi, de philosophie un peu, du sex-appeal de Yolande Moreau; et en d'heureuses circonstances c'est devant le dernier film de Luc Besson que l'on s'est rencontrés.

Rigolo.

"On verra bien ce que ça donne!" qu'on s'est dit avec @Krokodebil. @Krokodebil, lui, il avait encore la tête remplie de longues tirades tout en turc; à vrai dire il l'avait un peu comme un ballon la tête, encore tout engourdi dans la neige et les sombres intérieurs de Winter Sleep. Il était bien content de se divertir un peu et tout. Moi aussi.
On s'est bien moqué des bandes-annonce, on a rigolé un coup, puis ça a commencé.

Surprise ! C'est un tout nouveau Luc Besson qu'on a trouvé là, ça oui ! "Il pille le cinéma d'auteur de ces dernières années!" qu'il s'exclame, @Krokodebil. C'est bien vrai, ma parole. Besson, il s'amuse à reprendre le principe illustratif de Nymphomaniac, il a même l'audace d'insérer ça et là des plans à la The tree of life. Ben ça alors !

Il ne tarde pas à nous régaler, Luc. Les méchants, dans "Lucy", ce sont de gros malabars tout bridés, qui font plein d'expressions avec leurs vilains visages, des expressions qui pourraient vous filer une sacrée frousse mais qui vont arrachent de furtives mais franches barres de rire. L'action pure et dure, elle est là, bien présente; il est fidèle à lui-même en somme Luc. Une espèce de grosse course-poursuite en voiture, de mauvais goût; de gros combats entre les vilains bridés et les gentils keufs français, de mauvais goût; des "pouf", des "paf", des "boums" tonitruants, de mauvais goût. Mais un mauvais goût qui réjouit un peu, faut le dire. On s'est bien marrés, @Krokodebil et moi. C'est vrai ça, qu'est-ce qu'on a pouffé; surtout lui. Il a tellement pouffé que j'ai cru qu'il allait sortir de la salle, soit pour se calmer un peu soit parce qu'on lui aurait dit de la fermer un peu.

Bon et puis c'est une sacrée nana Lucy. Alors faut bien le montrer que c'est une sacrée nana. Pour bien montrer que c'est une sacrée nana et qu'il se passe plein de trucs foufous en elle, Luc il sort son plus grand panel d'effets visuels et techniques "à couper le souffle". Luc, il montre comme personne l'intérieur du corps humain. Là encore on a bien ri comme des veaux. C'est que ces effets spéciaux, ils sont tellement gueulards et gerbativement laids qu'on se met volontiers à s'élever au millième degrés et à l'aimer le film, et de bon coeur en plus. "Mais t'as vu ce faux-raccord !!" qu'il s'exclame @Krokodebil. C'est bien vrai qu'il était bien dégueulasse ce faux-raccord.

Mais Lucy, c'est aussi un propos, une réflexion sur le monde et tout. Le début du film, quand elle se fait capturer, est juste le point de départ d'une grande oeuvre ratée très sûre d'elle. On se croirait presque dans Matrix, un moment. Lucy, c'est un nombre hallucinant d'affirmations aberrantes sur la capacité du cerveau humain, des hypothèses sur le supposé pouvoir qu'on ne pourrait jamais posséder à priori, comme le dit Monsieur le Professeur, campé par Morgan Freeman. Seulement voilà, Lucy elle va le voir Mr le professeur, elle se pointe comme ça et elle lui dit que ses hypothèses elles étaient drôlement pertinentes. Du coup ça donne lieu à plein de super punchlines super réjouissantes, genre "Le temps est la seule vraie unité" tmtc. Alors il y a tout plein de scientifiques qui se pointent en face de Lucy, pendant qu'elle fait sa petite affaire, qu'elle essaie de choper de l'énergie, de la matière pour pouvoir s'incarner un peu partout. Pendant ce temps, ça vaut quand même le coup de souligner qu'à côté les méchants bridés et les gentils keufs se déglinguent la tête à coup de grosses armes très imposantes, en lançant des grands cris très hilarants, y a même du sang et tout. Lucy, elle, elle s'amuse à remonter un peu dans le temps, et vous savez à qui elle va dire bonjour ? à Lucy, pardi, la charmante Australopithèque number one dont nous sommes les descendants. C'est là que le film fait beaucoup rire, quand il se prend gentiment au sérieux et qu'il s'accorde même quelques petites divagations super symboliques et tout.

Alors une fois qu'elle est incarnée un peu partout, Lucy, les vilains chinois peuvent plus la tuer pour récupérer la drogue ou je sais pas quoi, et elle envoie un texto (à hurler de rire, @Krokodebil ne me contredira pas) pour avertir que si elle a disparu c'est qu'elle est partout. Tu parles de profondeur ! Quelle leçon de morale ! Quelle claque ! Quelle réflexion sur l'homme !

Et là, stupeur. Le film est fini. FINI. "Mais il a duré vingt minutes ?!" qu'on s'exclame avec @Krokodebil, tout étourdis, tout contents, tout enjoués. Au final, Lucy est nul à chier, mais d'une manière tout à fait jouïssive, c'est une merde lumineuse où le mauvais goût triomphe, c'est un film vulgaire et intrinsèquement laid, une vraie belle comédie qui vous laissera un souvenir réjouissant.
HugoLRD
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le 9 août 2014

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