Tebé or not tebé
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Considéré comme le plus gros succès du cinéma français à l’étranger en 2014, Lucy est malencontreusement et à la fois un film qui m’a moyennement conquis et un long-métrage pourvu de défauts qui m’ont gêné pendant le visionnage. Son histoire se base sur le fait que les humains n’utilisent que 10 % de leurs capacités cérébrales. Une vision pertinente avec laquelle le cinéaste Luc Besson la casse redoutablement en mettant en avant Lucy, une jeune étudiante, voyant ses facultés cérébrales décuplées suite à l’éclatement d’une poche contenant une substance prohibée dans son organisme.
Un scénario certes nouveau et donnant lieu à une réflexion méritoire mais pas unique dans son genre puisque le long-métrage d’animation The Prodigies d'Antoine Charreyron l’a déjà traité sous un autre contexte scénaristique. Cependant ! Contrairement à ce film d’animation, Luc Besson commence d’une manière fainéante son long-métrage. Au lieu de nous donner un aperçu de son monde avec quelques images ou vidéos démonstratives sur les facultés des humains dans leurs quotidiens, le réalisateur ouvre directement son long-métrage avec une discussion étrange entre Lucy et son interlocuteur, sans réellement nous faire savoir qui est cette étudiante.
Ce qui est loin d’être la meilleure des introductions pour un film de cette envergure, sachant qu’on peut très bien se poser la question s’il s’agit bien du monde tel que nous le connaissons ou d’un autre plus futuriste. Et le reste ne vaut guère pas mieux, tout est fait dans la précipitation, sans prendre le temps de dérouler une histoire avec cohérence et propreté. Luc Besson enchaîne les situations du film beaucoup trop rapidement, comme s’il voulait en finir avec son long-métrage. On ne reconnaît même pas sa patte artistique, surtout après avoir développé des productions telles que Le Cinquième Élément, Léon ou Le Grand Bleu, tous des films racontant proprement et avec sagesse des histoires plus ou moins captivantes.
Pour Lucy, on n’est pas du tout dans ce cas-là. Au lieu de narrer progressivement une histoire du parcours héroïque et puissant de Lucy, il coupe son film avec son agaçant fond noir et son inutile affichage de pourcentage des capacités cérébrales de notre héroïne. Une façon stupide de raconter une histoire, donnant l’occasion à Luc Besson de sauter des étapes essentielles et cruciales pour suivre correctement le parcours de Lucy, créant même une perturbation assez casse-pied et nous empêchant de rester attentif à tout ce qu'il se passe pendant le visionnage. On voit Lucy dans telle scène et on ne sait pas vraiment comme elle a fait pour être là, ni où elle est passée pour y être.
Et puis je n’ai pas trop aimé le traitement du personnage qui fait plus mutant que femme extraordinaire. Luc Besson aurait pu envisager de l’user en la faisant plus appel à son intelligence qu’à ses super pouvoirs, je suis conscient qu’il faut bien à un moment qu’elle les dévoile mais c’est trop dosé à mon goût. Et puis surtout, quel intérêt aux yakuzas de se battre contre elle si ses pouvoirs la rendent imbattable, autant arrêter le film bien avant la fin puisqu’on sait que Lucy ne mourra probablement pas, ça devient rapidement prévisible. Et il faut dire que Scarlett Johansson n’était certainement pas l’actrice qu’il fallait pour camper Lucy, elle se sert bien trop de son image de belle femme et de sa notoriété pour rendre attachant son personnage.
Ce qui a entraîné chez moi un léger désintérêt pour son personnage, y compris pour Morgan Freeman jouant le type de protagoniste qu'il est accoutumé à incarner. Pas mal de défauts qui auraient pu être évités mais compensés par quelques points forts satisfaisants pour visionner le film jusqu’au bout dont l’évolution du personnage et le développement de ses pouvoirs, ainsi que des scènes d’action et des effets visuels soignées et distrayantes mais outrées à certains moments. Luc Besson avait les moyens et les ressources pour faire un bon film mais se montre incapable ou manque d’imagination pour enrichir son histoire intelligemment. Un film qui avait un énorme potentiel pour séduire les cinéphiles mais détruit par un scénario paresseux et bâclé, c'est juste un sujet qui a été utilisé pour faire un film d'action totalement basique, peut-être même que le réalisateur se fout même de notre gueule. 5/10
On m'a mis une poche d'un kilo dans le ventre, enlevez-la tout de suite, ça fuit !
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Créée
le 9 avr. 2018
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