J'avais regardé Lullaby for Pi il y a quelques années dejà. Mais il y a quelques années, j'étais plus jeune, moins sensible à la poésie, sous toute ses formes. J'avais gardé de Lullaby un bon souvenir, sans plus.
Et puis, je repense au film. Et ce bon souvenir me pousse à le regarder de nouveau. Et là, c'est la claque. Une claque monumentale. J'ai pris mon pied pendant plus d'une heure et demie.
Le film est une merveille, un joyau, mais pas à l'état brut. C'est un joyau poli, façonné, pour rendre son meilleur éclat.
Le pitch de départ n'est certes pas des plus originaux : un homme détruit par la perte de sa femme, qui va se faire apprivoiser par une jeune femme un peu étrange, qui débaroule dans sa vie. Seulement, Sam est un musicien. Un jazzman. Et son désespoir l'empêche de remonter sur scène.
Pas original au premier abord donc, mais pourtant, Benoît Philippon vient nous servir un film atypique : dans son ambiance, dans sa façon d'aborder les personnages, et construire cette histoire d'amour magnifique qui nous est montrée. L'ambiance Jazzy est hallucinante, la lumière, les environnements, les dialogues des personnages, les situations, tout dans ce film transpire la poésie et la beauté, extérieure comme intérieure.
Mais, en plus d'une romance maitrisée et sublime, le film vient se payer le luxe d'offrir une belle vision de la musique. A travers Sam mais également William, jeune homme un peu perdu, en relation conflictuelle avec son père, qui veut le voir privilégier les études à la musique, que notre protagoniste va prendre un peu sous son aile. Benoît Philippon nous offre une déclaration d'amour au Jazz mais également au Blues et au Rap, dans une scène incroyablement réussie, où l'on revient à l'essence même de ce dernier. On est bien loin des guignols que l'on peut entendre parfois à la radio.. Bref, une déclaration à ses genres musicaux qui veulent transmettre des mots, des idées, et des émotions avant tout.
Clemence Poesy et Rupert Friend sont tout simplement brillants : l'alchimie entre eux est palpable. Whitaker, lui, tient un second rôle exceptionnel, où il éclabousse le film de sa classe naturelle. Quant à Matt Ward, il est lui aussi d'une perfection incroyable dans un second rôle tout sauf facile.
Bref, Lullaby for Pi est d'une force poétique tout bonnement hallucinante. Et d'un romantisme absolument fou. C'est clairement à voir. C'est merveilleux.