Tous les fans d'animation de ma génération connaissent la blague du dernier épisode d'Evangélion. Un épisode où, au terme d'une série où le sort de l'humanité est en jeu, le héros suit un monologue introspectif en se demandant qui il est.
C'est à peu près la même démarche dans ce film, qui est un peu le cauchemar ultime pour Zenigata : Lupin III est arrêté après avoir tenté minablement de voler à l'étalage une revue porno. Aussitôt une armée de Lupin III converge pour le délivrer. Ils ont tous la même voix.
Le monde est dur et froid, les gens vivotent minablement, les flics n'ont aucun panache, il y a de vrais mercenaires en lunettes et armes de guerre qui font peur pour de vrai ; on regarde du foot dans un izakaya, et plus personne ne sait qui est le vrai Lupin III. On suit plusieurs de ces personnages, désireux de prouver qu'ils sont le vrai. On suit aussi Yasuo, un minable, qui rêve de Fujiko. Il y a un duel de faux Lupin III, une course pour mettre la main sur l'Ice Cube, un mcguffin délibérément bâclé qui au lieu d'être un diamant, s'avère un nouveau type de charge au plutonium. Evidemment, il n'y a pas vraiment de fin. Mais un très joli générique tiré d'un autre opus (je ne sais plus lequel).
Chapeau à ceux qui ont défendu un projet allant si loin dans la déconstruction du mythe, en s'affranchissant du cahier des charges habituel, même si on ne va pas se mentir : si j'avais payé pour voir cet ovni, je me serais senti volé.