Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film."
Scénario :
Berlin, 1931. L'Allemagne à peur. Un meurtrier d'enfant tue des enfants. Comme c'est pas cool, les policiers décident de faire chier les gens qui tiennent des tripots de nuits et les gangsters. Ils savent très bien que c'est pas là qu'ils trouveront le meurtrier d'enfant... mais à défaut d'avoir une piste, il faut bien s'occuper.
Outrés que la police passe son temps à faire son travail, les membres de la pègre décident de trouver le meurtrier d'enfant afin de lui régler son compte. Comme ça, une fois le meurtrier d'enfant mort, la police arrêtera de leur taper dessus pour trouver le meurtrier et passera à des activités plus lucrative... comme leur taper dessus parce qu'ils font des trucs illégaux.
.... Bref, tout le monde est con, y compris le meurtrier dont l'occupation principale est de siffler la chanson la plus facile à retenir du monde à chaque fois qu'il doit commettre un crime. Discret le gars.
En tant que sujet d'étude :
"M le maudit" est le film que j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Fritz Lang auteur dont j'avais vu Metropolis et Les Bourreaux Meurent aussi
Lang, c'est l'expressionisme allemand et c'est quand même visible qu'il s'agit de son premier film sonore : l'image et le son sont parfois traités comme deux entités distinctes, il y a des plans très très visuels avec une quasi-absence de sons, des passages où l'on entend juste le sifflement du tueur. On trouve aussi des plans très très expressifs (ainsi la confrontation de deux badauds dont un est vue en contre-plongé et l'autre en plongé.)
En fait, ce qui est assez dingue, c'est que plus personne n'oserait refilmer de cette manière maintenant (j'avais dit ça de Metropolis aussi ) : on trouve des travelings étranges, des plans où l'on entend des dialogues mais où l'image montre autre chose, des cassures dans le rythme. Et du coup, ça fait que le film garde encore un charme inégalé des décennies après.
Mon avis personnel :
J'ai vraiment bien aimé, mais il faut quand même se l'avouer : il faut attendre la moitié du film pour que ça décolle. En fait, je suis très étonné parce que j'attendais un film d'enquête très classique, avec d'un côté des meurtres et de l'autre côté des enquêteurs qui tentent de le coincer en chopant des témoins ou des indices.
Que nenni : le film embraye très vite sur la vie nocture de Berlin, les gangsters, leurs habitudes et le fait qu'ils soient très embêtés par les descentes de police. Et c'est franchement déroutant d'avoir une grande partie d'un film qui soit consacré à des éléments n'ayant que peu de rapport avec ce que le prologue du film nous montrait. A vrai dire, au niveau des crimes, le film est super sobre : il y en a un dans l'intro (et vu hors champs) tandis que les autres sont finalement évités.
Ceci dit, après une première moitié assez étrange, le film se réveille vraiment avec la traque de "M" et devient une super histoire de chat et de la souris.
Et surtout, il y a cette confrontation entre deux types de meurtriers : les gangsters, qui sont dans l'illégalité froide mais sont doués de raisons, et le monstre, doué d'une pulsion de mort et plus hanté par sa folie qu'autre chose. (Et Peter Lorre le fait très bien.) Et l'affrontement entre les deux est toujours visuellement saisissant et pertinent dans le dialogue.
Y a pas à dire, ça reste un classique pour de très bonnes raisons.