L'archétype de l'assassin
L'histoire est inspirée de celle de Peter Kürten, surnommé "le vampire de Dusseldorf" : un homme assassine des jeunes filles. Devant une enquête qui risque de freiner ses activités, la mafia locale décide de poursuivre elle-même le criminel.
A l'origine, le film devait s'intituler Les Assassins sont parmi nous, mais le parti national-socialiste (qui ne devait pas avoir la conscience très tranquille) a fait pression pour interdire ce titre.
D'abord, c'est le film d'un acteur : Peter Lorre, époustouflant, pathétique en personnage qui ne contrôle pas ses pulsions, en homme de la rue transformé malgré lui en un monstre odieux.
Ensuite, ce film nous rappelle qu'avant de faire du cinéma, Fritz Lang était architecte. La ville est un personnage essentiel du film (comme dans Metropolis) : au fil de l'œuvre, on voit le paysage urbain se resserrer autour du personnage jusqu'à l'emprisonner. Le film commence dans des places ensoleillées (où il y a beaucoup d'espace) et l'assassin est arrêté dans une minuscule cave.
Enfin, Lang a donné une dimention mythologique à cette histoire. La lettre M écrite sur l'épaule du meurtrier pour qu'on puisse le reconnaître rappelle évidemment la marque imposée par Dieu sur Cain, le premier criminel de l'histoire. Le pauvre fou est ainsi transformé en archétype du criminel, il atteint un statut mythique qui dépasse de très loin le simple cadre de ce fait divers.
On y trouve également ce qui sera le thème majeur de l'époque américaine de l'œuvre de Lang : peut-on faire la justice soi-même ?
Un chef d'œuvre inoubliable.
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