Traumatisme en sous-sol
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On tient là bien plus un thriller qu'un film d'horreur visuellement pour commencer. Pour ce qui est de l'horreur, elle vient plutôt du langage peu châtié de la troupe de jeunes car ça ne vole pas vraiment haut chez eux au niveau de la conversation, au point de se demander pourquoi nous devrions nous attacher à cette bande de mômes qui ne passe ses weekends qu'à fêter en se pochetronnant en dessous de l'âge légal en plus.
Cette minable jeunesse qui mérite des beignes est un bon prétexte de détourner le regard d'eux afin de mieux le porter sur le personnage de Sue Ann, gros rôle pour l'actrice Octavia Spencer, une femme rondouillarde qui devient une mère copine en invitant les lycéens à qui elle rend service peu avant à venir se la mettre minable dans sa cave, avec interdiction à quiconque de monter à l'étage parmi les règles à ne pas dépasser. Elle est bien sympa Sue Ann, mais elle dévoile aussi un caractère bien trempé, prêtant à ambiguïté, en faisant bien savoir qu'elle ne se laisse pas non plus marcher sur les pieds à voir la scène où elle met en joue un des gars qui la cherche un peu trop, jetant un premier froid dans l'ambiance. C'est plutôt jouissif de voir cet abruti mis à poil et la queue basse.
Mais les premiers flashbacks qui plongent dans le passé scolaire de Sue Ann allument systématiquement une impression que quelque chose de terrible lui est arrivée dans ses années de lycéenne. Ces scènes permettent partiellement de s'approcher progressivement à la source du traumatisme, une humiliation qu'elle a subie et qui concerne beaucoup de monde dans l'histoire. On ne pourrait que lui prêter justice de ce qu'elle a enduré tant avec ses anciens camarades de sa génération qu'avec les gosses qu'ils ont engendrés.
Cependant, malgré la possible aversion ressentie envers les rejetons débiles et leurs parents pour la plupart, on arrive tout de même à s'inquiéter pour la jeune Maggie située au dessus du lot de ses nouveaux amis de mauvaise influence et qui a récemment emménagé dans la ville, avec sa mère sous les traits de Juliette Lewis qui, elle aussi, lui instaure des règles précises à respecter.
Et l'on s'inquiète autant pour la fille de Ma, découverte séquestrée volontairement par sa mère à la fois absente pour la chair de sa chair et paradoxalement très protectrice en la privant de s'émanciper à l'extérieur d'un autoritarisme rigoureux.
Parce que si Ma a mal, elle n'en est pas moins dérangeante peu à peu par ses agissements dépassant son aspect amical et attentionné, motivée par des pulsions obsessionnelles nourries d'un voyeurisme addictif à s'en faire remonter les bretelles sur son lieu de travail, ce qui d'un autre bord dénonce par-là même la vanité d'une génération qui s'exhibe en publiant chaque détail de la vie privée de chacun à l'échelle du tout public sur les réseaux sociaux. Ma se rend omniprésente, presque omnisciente et commence réellement à faire peur aux jeunes. Elle joue un peu de la comédie pour justifier son état colérique. Elle est d'une maniaquerie proche de celle du personnage de Annie Wilkes joué par Kathy Bates dans Misery comme a bien mentionné un précédent chroniqueur par-ici. Ça en prend dangereusement l'ambiance. Jusqu'à ce que ça dégénère en faisant augmenter la tension avec un suspens qui joue avec les nerfs, faisant se demander si il y aura droit à des scènes qui feront mal ou non, pour atteindre la séquence finale qui tient plus de l'émotionnel que du spectaculaire, à l'image d'une scène en rappelant une autre dans le Titanic de James Cameron au moment du naufrage avec, encore, l'actrice Kathy Bates.
Octavia Spencer fait une belle prestation de son rôle qui englobe tout le film.
Alors certes, Ma est assez prévisible dans le sens qu'il s'agit d'un film de vengeance de plus comme nous avons pu en voir, mais est assez éloigné de la plupart des slashers classiques où ça tue sauvagement pour un même mobile.
Personnellement, ce film fait assez réfléchir en pensant à des ressentiments envers des personnes qui nous ont fait du mal dans le passé, mais également envers d'autres personnes à qui nous avons pu faire du mal pour les rabaisser. Nul n'est un ange complet dans ce bas monde.
Puissions un jour pardonner et se faire pardonner à défaut d'oublier.
Et puissions toujours éviter ou chasser les personnes trop envahissantes.
Créée
le 19 juin 2019
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