Ma part du gâteau est une comédie dramatique gentillette empreinte de bons sentiments, emmenée par un duo d’acteurs sympathique. Poussé par le désir de parler d’un sujet de plus en plus d’actualité, Cédric Klapisch dénonce la course au profit au détriment de gens qui ne demandent rien d’autre que de gagner convenablement leur vie.
Pour traiter de ces manipulations financières désastreuses pour les salariés et quelquefois pour les entreprises, le cinéaste s’est attardé sur deux portraits en grossissant leurs traits. Le choix d’en faire des clichés est honorable dans le sens qu’il équivaut à tirer le signal d’alarme et à attirer l’attention sur un phénomène de plus en plus présent. Le sujet est grave : disparition ou délocalisation des entreprises, augmentation du chômage et de la précarité. Pour autant, le réalisateur a choisi de ne pas verser dans le mélodrame.
Au contraire, pour rendre le discours politiquement correct (ce qui peut être contestable), il aborde le thème avec légèreté, tout en s’évertuant à ancrer du mieux possible la fiction dans la réalité. Ainsi nous avons des scènes considérées par certains comme inutiles, comme celle où on voit les deux frangines saoules dont l’une se fera embarquer par son beau-frère lui aussi dans un triste état. Au contraire, ce genre de scène crédibilise le personnage en montrant qu’en période tout frais de licenciement, on est plus enclin à avoir un moment de faiblesse.
Si Karin Viard fait une jolie mère courage qui réussit à toucher le spectateur par son jeu tout en finesse empli à la fois de tendresse et de détermination venu argumenter l’esprit de sacrifice pour subvenir aux besoins de sa petite famille, Gilles Lellouche rend son personnage détestable à souhait par son côté superficiel et trop centré sur lui-même et ses intérêts. Outre le fait que les deux personnages se rencontrent de façon improbable pour amener doucement mais sûrement la morale de l’histoire, le message de Klapisch ne dégage aucune puissance notable dans son propos, lequel reste somme toute simpliste et à peine démagogique.
En conclusion, Ma part du gâteau se laisse regarder, mais ne laissera pas de souvenir impérissable. Dommage !