Un héritage aux clauses un rien contraignantes, un co-héritier clochard auquel il revient le droit de tout décider: voilà de quoi faire une comédie farfelue mais commune. Elle l'est en effet.
Maurice Chevalier incarne le clochard surnommé "Ma Pomme" avec la gouaille et la bonne humeur qu'on lui connait. Son personnage est volontiers cabot et s'en trouve parfois assez pénible. Il faut dire que le réalisateur et auteur Marc-Gilbert Sauvajon propose un scénario simpliste où, entre démagogie et populisme, il loue sans scrupule les vertus de la cloche et des chanteurs de rue -car, évidemment, Chevalier pousse la chansonnette- et enseigne que l'argent ne fait pas le bonheur et qu'il dénature les bonnes gens. Facile. Visiblement, le clochard, à cette époque, fait un personnage joyeux, plus pittoresque que pathétique.
Ma Pomme se trouve confronté à de lointains cousins, arrivistes ou parvenus, et ce n'est vraiment pas sa tasse de thé, lui qui professe toutes sortes d'aphorismes sur le bonheur du dénuement et de la liberté, des nuits passées sous la belle étoile...
Paradoxalement, si le scénario est médiocre, les dialogues sont souvent spirituels et servent bien, en particulier, le personnage ironique de Sophie Desmarests, en grande bourgeoise lucide, et l'épisodique camarade en vagabondage Raymond Bussières. Pour autant, s'il sont bien écrits, ces textes ne sont pas réalistes ni adaptés. Surtout quand le sujet prend un tour sentimental que l'âge avancé de Maurice Chevalier aurait dû devoir nous épargner.