Macbeth
6.2
Macbeth

Film de Joel Coen (2021)

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N'étant pas un familier du cinéma des frères Coen, je restais très curieux de voir une nouvelle adaptation shakespearienne vu par l'un d'eux et j'en reste encore plus admiratif. Quand un cinéaste d'auteur s'empare d'une oeuvre mainte fois adaptée, cela peut toujours décourager ou lasser et pourtant ...


Et pourtant, la magie opère dès l'introduction. Le noir et blanc, rappelant très simplement la version de Welles, se démarque dès son introduction. Entre le format imposé et la voix off qui se prononce dans le noir complet, le spectateur est vite happé par cette atmosphère glaçante. Le parti pris d'un film à mi-chemin entre le théâtre filmé et l'expérience cinématographique ensorcelle le texte d'origine, pour le faire vivre dans un décor très épuré, à la limite visuelle des contes pour enfants avec ces jeux d'ombres des branchages ou encore des silhouettes, renforcés par ce choix du noir et blanc.


De la couleur à l'épuration d'accessoires et de décors, la comparaison avec la vision d'Orson Welles s'arrête là. Coen nous propose sa propre adaptation, dans un univers glacial où le sublime se conjugue au cruel. Le couple, tour à tour touchant et repoussant, permet des visages qui ont vécus, sans artifices, sans exagérations de maquillages, presque au naturel et sans avoir peur de montrer les rides. Que ce soit Frances, d'une puissance absolue à un Denzel imposant et fou, c'est la froideur d'un couple qui intéresse le plus Coen, à l'instar de l'adaptation de Kurzel, où la fragilité mentale et l'humanité trop déchirée du Macbeth bouleversait et impressionnait à la fois. Pas d'humanité, le couple vu par Coen est déterminé et se laisse emporté par la folie, sans s'en apercevoir, et se retrouve piéger. La chute, s'en rendent-ils compte ? Leur folie les aveugle jusqu'au bout.


Coen nous embarque dans une adaptation esthétique, picturale et si expressionniste. L'apparition des trois sorcières qui ne forment qu'une et même entité, capable de se diviser en trois comme de n'être qu'un, humain comme animal, semblent en retrait au premier abord et pourtant si omniprésent en fin de compte. Le mal ne sert ni le mal ni le bien, les rendant encore plus énigmatique envers Macbeth.


La vraie force de ce film : ses jeux de lumières, comme avec le plafond ouvert en forme de cercle, d'où coule la pluie, tandis que Macbeth et les assassins se tiennent à l'écart, ou encore lorsque les sorcières apparaissent pour la dernière fois, au-dessus d'un sol d'eau miroir, en guise de chaudron, c'est tout une oeuvre entre le conte et la peinture expressionniste allemande que travaille ici Coen.


Une des plus belles adaptations, plus poétique, plus cruelle et plus glaciale que la grande adaptation médievale aux aspects historiques chez Polanski ou encore la sauvagerie humaine et picturale de Kurzel. Ici, le couple est la cruauté même, leur froideur est le virus qui gangrène tout le film transformant cette adaptation en véritable tragédie plutôt qu'une adaptation mystique et chevaleresque de l'oeuvre si célèbre de Shakespeare.


Sa réussite, c'est d'arriver encore à nous proposer une vision sous un angle différent encore de ses prédécesseurs.

Terry934
10
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le 15 janv. 2022

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Terry934

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