La tentative était louable et le film possède d'indéniables qualités. Cependant force est de constater que Macbeth s'inscrit dans un type de cinéma dit "expérimental", Joël Coen se concentrant ici exclusivement sur l'originalité technique et visuelle de son adaptation et ce, au détriment du divertissement et des émotions qui pourraient être ressenties par le spectateur.
En effet, et malgré une interprétation de qualité et des jeux de lumière parfois saisissants, l'ensemble reste statique et cruellement dénué de chair.
Le parti pris esthétique du noir et blanc, bien qu'élégant, échoue dans sa tentative de donner une dimension dramatique à l’œuvre et s'apparente ainsi davantage à une démonstration de style, sans âme et sans matière.
La conception des décors et l'investissement des acteurs ne sont toutefois pas à blâmer, ce film m'a simplement fait prendre conscience de la difficulté à transposer et à adapter une œuvre théâtrale pour la rendre cinématographique et attrayante.
De nombreux réalisateurs se sont en effet cassés les dents dans ce registre avant Coen brother, que ce soient Lars Von Trier (Dogville), Dumont (Jeanne), Baz Luhrmann (Roméo + Juliette) et j'en passe.
La principale difficulté réside à mon sens dans le fait de perdre de vue l'essentiel, à savoir que le cinéma (tout comme le théâtre d'ailleurs) est avant tout un art du divertissement, et non une compilation de tableaux flamboyants et de prouesses oratoires qui se succéderaient sans passion ou réel fil directeur.
Joël Coen ne parvient malheureusement pas à nous transporter et à éviter ces écueils, malgré l'ajout d'une légère dimension fantastique (les sorcières et les "visions" de ce brave Denzel), l'intégration de noirs américains dans l’Écosse du 11ème siècle (à la limite pourquoi pas?) et une direction artistique particulièrement soignée (sans doute trop...).
Le spectateur restera ainsi sur sa faim (et sur sa fin), Macbeth s'apparentant davantage à une tentative d'art et d'essai que d'un réel divertissement cinématographique, n'apportant qui plus est pas grand chose à l’œuvre d'origine et suscitant l'ennui à de nombreuses reprises. Parfaitement dispensable en somme.