Valhalla rising
L’odeur putride de la mort envahit Macbeth dès sa première séquence. Mort à qui on couvre les yeux sous les ténèbres d’une Ecosse vide de cœur, à l’horizon de ces longues plaines neigeuses. Justin...
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L’odeur putride de la mort envahit Macbeth dès sa première séquence. Mort à qui on couvre les yeux sous les ténèbres d’une Ecosse vide de cœur, à l’horizon de ces longues plaines neigeuses. Justin Kurzel prend position et son adaptation contemplative et surnaturelle de Shakespeare, sera une longue complainte d’un homme vers sa propre déchéance. S’attaquer à une pièce telle que Macbeth n’est pas chose facile et Justin Kurzel ne choisit pas la facilité. Pour ceux qui s’attendent à une sorte de Braveheart revisité, ils peuvent passer leur chemin, car l’action épique n’est pas le centre d’intérêt d’un long métrage dont la puissance sensitive se trouve sur d’autres chemins de traverses. Autant bourré de défauts que d’effets, l’œuvre du jeune australien n’en reste pas moins un geste radical, d’une modernité parfois tape à l’œil, et au parti pris largement casse gueule mais dont la force d’incarnation arrive à sortir le film de ses propres démons.
Macbeth est une œuvre malade, aussi brutale que déficiente, ponctuée d’ellipses narratives qui ne permettent pas au film de gagner en ampleur tant dans son espace que dans sa temporalité. Mais là où le film perd en épaisseur, il gagne en tragédie. Le regard de Justin Kurzel ne situe pas là, mais voit en Macbeth une quête vers la pénitence, un amour jusqu’au boutiste (ébouriffante et majestueuse Marion Cotillard), le trouble mental d’une couronne trop lourde à porter, la résonnance mortifère des « All Hail Macbeth! », une haine absurde de soi-même qui se propage comme une trainée de poudre. L’effet post traumatique, après avoir eu l’occasion de tuer par pure ambition. Justin Kurzel ne veut qu’une seule chose : mettre en image la folie intime de deux êtres nourris par un remord comme il le faisait avec les crimes de Snowtown. Pour se faire, Justin Kurzel s’entoure d’une esthétique et d’une narration aussi redoutables que néfastes, mais qui accentuent avec maestria sa dramaturgie.
Macbeth qui n’est pas sans rappeler l’exercice de style visuel pratiqué par Andrea Arnold sur Les Hauts du Hurlevent, où le marasme des émotions s’engluait dans un environnement, boueux, crade et presque sans espérance à la ronde. Justin Kurzel prend le pouls de ses décors et les magnifie non sans mal grâce à la photographie monstrueuse et incroyable d’Adam Arkapaw. Elle se situe là, la magie de Macbeth, tout comme avec Cosmopolis de David Cronenberg et ses longs monologues sur la physique quantique du capitalisme. Justin Kurzel accouche de névroses viscérales, d’une explosion des doutes, de scènes à la maladie mystique et contagieuse, où l’absurdité d’un langage théâtral et abscons se cohorte à une mise en scène moderne que ne renierait pas Zack Snyder ou Nicolas Winding Refn.
La comparaison avec le premier parait inévitable au vu de la bataille inaugurale et ses ralentis iconoclastes à la 300. Mais le rapprochement avec le Danois et Valhalla Rising parait une évidence : ces longs paysages montagnards, ses heurts sanguinaires, les filtres rouges, cette pulsion des sens grâce à l’énergie sonore omniprésente et le corps d’un acteur au charisme dépassant les frontières. Car Macbeth est Michael Fassbender, Un assemblage de dureté et de fêlures qui atteignent leur apogée durant la séquence du banquet ou du bucher. Ce Macbeth de Justin Kurzel a le don d’être habité, relatant le moral et l’immoral et catapulte la culpabilité vers des sphères d’une froideur palpable.
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le 19 nov. 2015
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