Valhalla rising
L’odeur putride de la mort envahit Macbeth dès sa première séquence. Mort à qui on couvre les yeux sous les ténèbres d’une Ecosse vide de cœur, à l’horizon de ces longues plaines neigeuses. Justin...
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le 19 nov. 2015
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C'est peu de dire que cette nouvelle adaptation de la célèbre pièce de William Shakespeare, signée par Justin Kurzel, cinéaste remarqué grâce au tétanisant Snowtown, me donnait envie. Casting alléchant (même si peu fan de l'anglais de Marion Cotillard), tournage en Ecosse et en Grande-Bretagne, premières images suintant bon la bouillasse et le sang... Mon caleçon n'en pouvait plus, même si Dame Déception semblait prendre un malin plaisir à me susurrer des prédictions peu engageantes, du genre "ouais mais non, tu vas voir, ça va être chiant et la Cotillard va tout ruiner".
Dès les premières minutes, funestes, violentes, baroques et puissamment belles, je me suis senti happé par un film qui demandera cependant beaucoup de patience car peu accessible à un public pas forcément habitué aux longues tirades et au théâtre élisabéthain. Des batailles, vous n'en verrez qu'au début... et à la fin. Le reste: palabres, monologues et autres digressions sur la mort, l'ambition, la folie, le pouvoir et autres mignardises. Pour certains, oui, Macbeth 2015 serra un film chiant.
Car loin de se la jouer post-moderniste, Justin Kurzel colle au plus près du texte, ne cherche jamais à le rendre plus contemporain ou plus accessible. Le cinéaste tente humblement de lui offrir le plus bel écrin possible et le moins que je puisse dire, c'est que non seulement le bougre y est parvenu, mais qu'en plus il offre un des longs-métrages les plus ahurissants d'un point de vue formel vu ces dernières années.
Comme touchés par la grâce des dieux du cinoche, Kurzel et Adam Arkapaw donnent naissance à des images tout bonnement stupéfiantes, d'une beauté folle nourrie par les paysages écossais, apportant à l'ensemble une atmosphère putride suintant la mort par tous les pores, où les macchabées viennent vous hanter bien après la bataille, où la brume, teintée d'un rouge incandescent, vient vous engloutir jusqu'à l'étouffement. La musique de Jed Kurzel (le frère du metteur en scène), à la fois intimiste et puissante, achève de revêtir ce nouveau Macbeth d'atours aussi flamboyants que rêches.
Amants meurtriers rongés par le deuil et sombrant dans la folie la plus destructrice, Michael Fassbender et Marion Cotillard donnent le meilleur d'eux-mêmes. Lui est tout à la fois brutal, hanté, ravagé mais d'une classe folle. De son côté, elle parvient enfin à maîtriser l'anglais et à donner corps à son personnage complexe, trouvant ici un des ses plus beaux rôles. A leurs côtés, gravitent d'excellents seconds rôles, dont on retiendra surtout Paddy Considine, David Thewlis et l'excellent Sean Harris.
Bien que peu accessible et extrêmement bavard, Macbeth version Justin Kurzel reste pour moi une franche réussite, une tragédie violente et baroque toute entière vouée aux textes de Shakespeare. Une véritable bombe visuelle, dont certains plans risquent de rester longtemps en mémoire, bénéficiant au passage d'un travail sonore exemplaire et d'un casting irréprochable. Hail to the King !
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Créée
le 19 nov. 2015
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