Avant de commencer cette critique, je dois vous préciser une chose qui a une très grande importance dans la bonne compréhension et interprétation de la suite de cet article de par le biais très positif qui m'habitait lors de la projection. En effet, le meilleur souvenir que j'ai de Death Proof, film de Tarantino sorti en 2007 sous le label Grindhouse, est la fausse bande-annonce pour Machete (si l'on exclu la scène de lap dance introductive) qui le précédait. C'est de ce simple délire des deux réalisateurs Tarantino et Rodriguez que vient le film dont nous allons parler maintenant. Ainsi, devant les commentaires qu'avaient déclenché cette simple introduction et le pur plaisir qu'avait pris les deux compères à la réaliser, il fut décidé d'en faire un véritable film afin que les trompettes de la bande-annonce ne sonnent pas en vain.
Alors que vaut ce mexicain aux cojones bien accrochées ?
Le grand craquage
La première chose à dire sur ce film est qu'il part d'un délire de réalisateur et qu'il reste un délire de la première image au générique de fin. Ce qui frappe d'abord est le montage son, totalement raté il faut bien le dire. Musique d'église et hard rock s'enchaînent dans les mêmes deux secondes, le niveau baisse soudainement sans raison apparente et des SFX improbables se font entendre en permanence. Le son du katana de Steven Seagal rappelant les plus mauvais films du cinéma asiatique est notamment à mourir de rire. Bref tant de défauts sonores nous font bien vite arriver à cette conclusion évidente : tout cela est voulu.
Mais le délire ne s'arrête pas aux effets sonores. Ce traitement volontairement kitch est appliqué à tous les éléments du film. Le montage est erratique et la photographie volontairement vieillotte. Les effets visuels sont une perpétuelle surenchère de feu et de sang qui feront jubiler les plus cyniques d'entre nous, dont je fais partie. Les scènes de combat sont particulièrement jouissives avec des morts ultra violentes notamment quand notre cher Danny Trejo joue de la machette. Décapitations, coups de canon scié en pleine face, bungee jumping avec boyaux, lacérations au scalpel... La boucherie type série Z ne s'arrête jamais, pour notre plus grand plaisir.
Un autre aspect du film qui nous rappelle continuellement que tout ceci n'est qu'un grand pétage de câble hollywoodien, sont les scènes de ce qu'on pourrait appeler du sexe. Il s'agit en fait de scènes tellement absurdes qu'elles en perdent leur côté grivois. On se bidonne tellement pendant ces séquences qu'on en oublie presque les seins de Lindsay Lohan pourtant fièrement dardés vers le spectateur. Enfin, la musique de film porno des années 70 qui introduit toutes les scènes de coït (dont on ne voit rien) finissent de donner leur aspect totalement burlesque aux différentes scènes évocatrices. Je ne vous ai parlé de celle où une fille sort sont téléphone portable de sa... non hein ? C'est mieux.
C'est l'histoire d'un mexicain super énervé qui...
Que dire alors du scénario, si l'on peut ainsi décrire cette ode à la révolution, histoire d'amour et de courage, de fraternité, récite d'une lutte à mort pour la liberté ou pour le pouvoir, dénonciation d'une classe politique américaine pourrie par les ambitions et le racisme, d'un Mexique au main des narcos-trafiquants, film de combat, de guerre, de baston, comédie tragique, burlesque, loufoque, triste, jubilatoire et exhilarante, bref cette énorme merdier ?
En résumé, ce film nous raconte l'histoire de Machete (Danny Trejo) dont la femme se fait assassiner (décapiter au katana pour être plus précis) par un narco-trafiquant mexicain (Steven Seagal) qui apparemment lui en veut donc, et qui le laisse pour mort. On retrouve notre pauvre malheureux trois ans plus tard de l'autre côté du Rio Bravo en quête d'un job de jardinier. C'est un assassinant de sénateur qu'on lui proposera... Je ne vous en dis pas plus pour ne pas spoiler mais vous retrouverez dans le film et dans le désordre : un chasseur de clandestin à la gâchette facile, un prêtre virtuose du fusil à pompe, un tueur à gage qui fait sa publicité sur la télé locale, une révolutionnaire vendeuse de tacos, une adolescente droguée et exhibitionniste et une détective zélée à tendance alcoolique. Je vous laisse remettre dans l'ordre toutes ces joyeuseries et les nombreuses autres surprises qui les accompagne en allant voir le film.
Danny Trejo, héros ordinaire
Il nous reste un point essentiel à traiter ici: le jeu d'acteur. Car cette farce burlesque n'aurait jamais été aussi efficace si toutes les stars présentes à l'affiche ne s'étaient pas également prises au jeu. Les acteurs et actrices ont tous sans exception laissé de côté le sérieux et leurs ambitions de carrière pour embrasser le côté décalé, kitch et immature du film.
Danny Trejo est tout simplement impérial dans son rôle de machine à tuer impassible. Les têtes tombent, les balles pleuvent, les filles se pâment, Machete ne bronche pas (et ne fait pas de textos d'ailleurs). Les rares répliques suffisent amplement à poser les émotions et ambitions du personnage, dont la plupart passent par un simple regard d'une dureté diamantaire et qui nous donne le sentiment qu'un poids lourd lancé comme une fusée va nous percuter. El Padre, son frère incarné par Cheech Marin, est un des personnages les plus réussis du film. Véritable danseur de balai lorsqu'il s'arme de ses deux shotguns, il nous offre une des scènes marquante du film, un massacre au gros plomb dans une église emplie d'un Ave Maria. A pleurer.
Que dire alors d'un DeNiro totalement décomplexé et détendu dans son rôle de sénateur texan dont il adopte avec une facilité déconcertante l'accent, la démarche et la propension à confondre les mexicains et les cerfs lors de ses parties de chasses. Les plus observateurs remarqueront d'ailleurs une référence caché à l'un de ses plus grands films. Je vous laisse le découvrir. Mention spéciale également pour Steven Seagal, qui s'adonne à l'autodérision la plus totale par des scènes de maniement de katana à mourir de rire. Il est tout simplement bluffant dans son rôle de maffieux mexicain et est vraiment mon coup de coeur sur ce film.
Mais, j'ai personnellement trouvé les rôles féminin un peu en deçà. Oh bien sur Lindsay Lohan interprète parfaitement son rôle de jeune nantie droguée et exhibitionniste. On se demande pourquoi d'ailleurs. Ses scènes la poitrine à l'air et en none sont particulièrement savoureuse et ubuesques. Michelle Rodriguez joue comme à son habitude le rôle de la femme latino qui aurait trop mangé de viande rouge, ne cherchez donc pas à être surpris de ce côté là, vous ne le serez pas. Reste Jessica Alba, ou agent spécial Rivera, dont on sent les efforts désespérés pour ne pas se prendre au sérieux mais qui ne sort jamais de son complexe de la potiche, mis à part peut être son combat mortel armée de ses talons hauts.
A modo de conclusion...
Si vous êtes fan d'humour absurde et de violence gratuite incessante, foncez. Sinon, achetez vous un sens de l'humour et ensuite foncez.
Je vous laisse sur cette réplique culte "God has mercy, I don't".
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