Avouons tout de suite que c'est le titre qui m'a donné envie de voir ce film. Que voulez vous, voir le mot "Macho" collé sur une affiche de western, moi, je n’ai pas résisté...
Le pitch et le titre sentaient bons la série B. Et sans plus d'info sur la distribution, la réalisation ou le scénario me voilà, un verre à la main, à regarder cet ovni westernien.
J'ai été surprise en venant sur la page du film ici de ne trouver aucun avis posté sur ce film. Car l'intro, de plus de 15mn, est une étrangeté en soi : univers carcéral boueux, cheval éviscéré, tambouille qui donne envie de vomir, dentition à vous faire regretter de pas encore avoir pris votre rendez-vous annuel chez le dentiste et grande scène de bagarre mêlant fusillades et hémoglobine s'écoulant de cadavres postiches...
David Janssen (Macho Callahan en personne) au regard ténébreux et à la pilosité drue y incarne un éleveur qui, après avoir été floué par un escroc, s'est retrouvé à devoir choisir entre faire une guerre qui ne le concerne pas ou la prison. Maltraité, humilié et affamé par l'armée sudiste, il organise un gigantesque mouvement de foule et s'évade.
Mais à peine le nez dehors, arrivé dans une ville près de son coin paumé de culterreux, il abat un manchot (officier sudiste - interprété par un David Carradine tout en romantisme exacerbé) pour une bouteille de champagne. Jean Seberg (Alexandra Mountford), la veuve du défunt manchot , met sa tête à prix. Il n’en faut pas plus pour que David Janssen redevienne l’homme traqué qu'il a incarné longtemps pour la télévision dans la série "Le fugitif". Voici donc pour la mise en route de l’intrigue…
Poisseux dans sa narration, le film trouve son mordant en alternant ses références aux classiques du genre et les codes visuels de la pop culture. Sam Pikimpah et les westerns spaghetti étaient déjà passés par là. Le cadre est brut : la terre est boueuse ou poudreuse, les hommes y sont sanguins, les femmes ressemblent à des clichés, les désirs de vengeance font les queues de poisson habituelles, le scénario tient dans un mouchoir de poche… Et c’est très bien ainsi !
Car aussi curieux et imparfait soit-il, ce film a réussi malgré tout ses défauts (visuels et narratifs) à me garder rivée devant l’écran. Une fois Jean Seberg débarrassée de sa postiche blonde, une fois David Janssen placé dans les décors sauvages où sa pilosité est en symbiose avec l’environnement, une fois le "sado-mélo teinté du syndrome de Stockholm" mis en place : on découvre la vraie recette d’un amour authentique.
La voici en exclusivité pour vous aujourd’hui : tu as occis mon mari, je mets ta tête à prix, je te poursuis, tu me fuis, je te rattrape, tu fais de moi ton otage, je te défonce la tête à la barre de fer, tu me roues de coups et me traînes par terre, je te griffe et te frappe, tu me violes, ton pote soigne mes bleus, tu pars dans la forêt chasser des trucs poilus, tu reviens et me sauve d’un ours, je te suis reconnaissante, tu me confies tes malheurs, je te plains la larme coulant de mon système empathique tournant à plein régime, tu me dis que j’ai de beaux yeux, je rougis, je blêmis en voyant l’heure, au moment du départ tu m'ordonnes de te suivre dans ta grotte…
Ca donne pas envie de tomber amoureux ?...Non !? Espèce de féministe, va !
L’affiche n’avait pas menti, il est « Macho » ce Callahan ! Mais ne vous refusez pas ce petit plaisir coupable et envoyez la femen, qui sommeille en vous, faire du topless dans une manif quelconque. Et découvrez (ou redécouvrez) un cinéma seventies qui s’était réapproprié le droit d’user dans sa narration de la violence primaire qui habite naturellement le cerveau reptilien de tous les êtres humains.
Glauque, crade et lyrique comme un camion volé, ce " Macho Callahan" est à voir au moins pour le détester, ou pas… ou presque !