On peut penser en regardant "Maciste aux enfers" que Guido Brignone n'a pensé ce film que pour la représentation de l'enfer qu'il en donnera, lorsque le protagoniste y sera projeté suite à un plan machiavélique d'un émissaire de ces régions. Rien de très particulier à signaler en début et en fin de récit : une romance un peu bancale par-ci, un happy end par-là, rien qui force réellement le respect. Mais dès que Maciste, symbole de masculinité virile, honnête et bonne, sera trouvera plongé dans ces décors infernaux, par l'entremise de Pluton (et Barbariccia) qui l'aura identifié comme ennemi public numéro 1, le film bascule dans un baroque à la fois horrifique et bon enfant, presque comique, totalement surréel et hallucinant d'excès. Des dizaines et des dizaines de figurants presque nus qui agitent leurs fourches avec leurs postiches étrange, ces groupes de femmes qui essaient d'attirer l'homme dans leurs rets, et de manière générale une expression fantastique très sensuelle, au milieu du cirque des décors et des costumes.
Grosso modo, une fois Maciste condamné et transformé en enfer, il sera essentiellement question de bourre-pifs et de "qui c'est le plus fort", avec moult exhibitions de gros muscles, dans un affrontement doucement désuet entre la force physique et la force intellectuelle — cette dernière étant tournée en dérision, ce qui vaut au film aujourd'hui le statut d'œuvre pré-mussolinienne. C'est un film qu'on n'a pas vraiment envie de prendre au premier degré, tant le bordel qui règne aux enfers expurge le film de tout sérieux, avec Maciste en apprenti Obélix l'espace d'un moment pour cogner sur tous ces démons hirsutes. Les décors de grottes sont largement surchargés, et sous-éclairés qui plus est, avec des effets de fumées omniprésents, renforcés par des effets de surimpression très fréquents pour figurer le pouvoir de tel envoyé maléfique ou la dimension tentaculaire de la vie sur terre.