Ce qu'on appelle communément le cinéma d'exploitation a connu de nombreux sous genres et courants avec leurs propres codes et films emblématiques. En 1981 une improbable production hispano-suisse tournée à Barcelone décide de faire une grosse tambouille de quelques unes de ces tendances en mélangeant joyeusement bikersploitation, vigilante movie, kung-fu, nudies, gore, érotisme, rape and revenge, action, home invasion et nazisploitation. Un grosse marmite sale d'ingrédients mal dosés et malaxés à pleine main, un truc enfourné à la va vite et démoulé trop tôt pour être servi à des spectateurs souvent consterné par l’arrière goût un peu dégueulasse du résultat. Bienvenu dans Los Violadores A.K.A. Mad Foxes un film sale, bête et méchant de Paul Grau, et un peu con aussi.
Mad Foxes nous raconte une spirale de vengeances et d'actions punitives entre Hal, un vieux beau séducteur de minettes avec sa voiture de sport et une bande de bikers nazis violeurs et violents.
On pourra toujours essayer d'y déceler une dénonciation des mécaniques stupides et dangereuses de la vengeance expéditive, mais l'histoire de Mad Foxes est surtout très conne à coups de successions de scènes de violence entrecoupée d'intermèdes érotiques et séquences de remplissage. Si le réalisateur, aidé tout de même de deux scénaristes, nous balance tant de relents de cinéma d'exploitation, il le fait sans aucunes mesures, justification, délicatesse ni dosage donnant à l'ensemble une gratuité un peu crasse mais assez amusante tant le film verse par instants ouvertement dans le nanar. Nos bikers nazis aux looks improbables portent un brassard dont la croix gammée apparaît ou disparaît selon les scènes (l'interdiction du port de signes nazis en extérieur en Espagne explique sans doute ceci) et leur chef et un petit moustachu en uniforme mais physiquement plus proche de Ged Marlon que de tonton Adolph. Quant au héros du film c'est un vieux beau à brushing, un mec torve, insupportable et suffisant qui change de minettes comme de chemises col pelle à tartes et qui joue les justicier impassible et détachée comme pour sa petite amie violée qu'il oublie pourtant au bout de cinq minutes (en même temps le bougre attendait ses dix huit ans pour la dépuceler et lui faire connaître les plaisirs de l'amour avec toute son expérience de quadragénaire avant que nos bikers soudards ne s’en occupe avant lui et avec moins de finesse). L'acteur Robert O'Neal de son véritable nom José Gras en plus d'être mauvais comme un cochon m'a fait penser au Alain Delon turc Cüneyt Arkin mais tendance C Jérôme qui aurait mangé Charles Bronson. Entre deux scènes de vigilante bien crasse avec bite tranchée donnée à avaler à son propriétaire pour une auto-fellation ne demandant aucune souplesse, explosion à la grenade sur cuvette de chiottes, mamie en fauteuil roulant shootée en pleine tête, éventration et coups de cisaille en pleine bouche, le film nous offre un peu de répit avec des intermèdes plein de délicatesse montrant le héros culbutant sa nouvelle petite amie dans une baignoire remplie d'eau couleur jaune pisse, un couple à poil faisant des roulades dans le sable ou une démonstration de rock acrobatique en boîte de nuit. Tout le film transpire ainsi un peu du dessous de bras du besogneux tentant de faire comme les autres mais en plus sale et moins soigné. Mad Foxes c'est un peu comme la différence entre un porno chic à la Marc Dorcel et un porno amateur tourné dans un lotissement avec Ginette et Kevin, ça raconte presque la même chose mais y en a un qui sent plus la lingerie parfumée Victoria Secret que la culotte douteuse de chez Kiabi.
Et comme souvent avec tout ce qui est excessif et mal foutu, le film finira par devenir assez drôle dans ses maladresses et sa complaisance. Entre les courses poursuite ou les mecs semblent tourner en rond vu qu'ils passent plusieurs fois au même endroit, les cascades de bikers qui se vautrent tout seul, l'exposition complaisante de services trois pièces d'acteurs à poil, l'expédition punitive de karatékas en kimonos avec des chorégraphies martiales approximatives, l'attentat dans une salle remplie de mecs qui font de la musculation en slip panthère, le biker nazi avec ses couettes et son slip rouge par dessus son jean façon superman ou les exploits éroticosentimentaux du héros; les raisons de se fendre la poire sont assez nombreuses et cycliques. Le réalisateur parvient malheureusement à rendre également drôle les séquences les plus sordides comme le viol de cette jeune fille avec un gros lourdaud qui s'agite du croupion sur elle façon lapin Duracelle en surchauffe… Toute cette spirale de violence, de mauvais goût, de vulgarité, d'approximations conduit vers un final étonnamment sombre et nihiliste que le réalisateur foire complètement pour devenir un moment aussi WTF que tout le film.
Mad Foxes c'est du cinéma d'exploitation qui sent des pieds (au passage désolé pour cette abondance de métaphores olfactives) , c'est frontal et complaisant, c'est vulgaire et gratuit mais c'est suffisamment fou et mal branlé pour être drôle. Après, un film réalisé par Paul Grau avec José Gras dans le rôle principal , fallait pas s'attendre à beaucoup de finesse.
Ma Note Nanar : 06/10