Western poussiéreux, road movie fou furieux.

Dans un futur pas si lointain où la civilisation érodée par les guerres sombres délaissant les routes aux brigands, des routes que tentent de défendre des policiers ressemblant plus à des cowboys qu’autre chose, sillonnant les routes pour tenter de remettre un peu d’ordre dans un monde au bord de l’implosion.
Max est un flic, jeune, intrépide, doué, aimé de ses collègues qui a cependant peur que ce métier ne finisse par le dévorer et qu’à la fin, tout ce qui le sépare des bandits s’emparant des routes sans vergogne, violant et tuant tout ce qui se trouve sur leur passage ne soit plus que sa plaque. Après qu’un de ses collègues et amis ai subit une attaque féroce l’ayant laissé pour quasi-mort, brûlé vif, Max raccroche pour de bon afin de mener une vie familiale tranquille éloignée le plus possible des routes mortifères.
Malheureusement pour lui, l’un des bandits qu’il a tué accidentellement en tentant de l’arrêter, un homme se faisant appeler l’Aigle de la route, avait des amis, une bande de motards qui cherchent à venger sa mort.


Film australien par essence, on y retrouve un esprit assez proche de Wake in Fright, c’est-à-dire, l’aspect enfer désertique, la misère humaine, une errance sans but, une existence tournant en rond vouée à l’échec. Mad Max reprend les codes du cinéma américain et surtout les traditions australiennes puisqu’il axe sur action sur la route et les courses endiablées. Ainsi, l’atmosphère désertique presque crépusculaire donne à Mad Max une atmosphère digne d’un western. On éprouve par moment des émotions comparables à celles données par The Hitcher, le côté désertique, où s’il vous arrivait malheur sur la route, personne ne vous entendrait avec ce désert à perte de vue balayer uniquement par le vent.


Au-delà du western, Mad Max est avant tout un film de vengeance qui emprunte pas mal d’ailleurs au rape and vengeance (un genre cinématographique typique des années 70 qui débute généralement par un viol et s’enchaîne par la vengeance de la victime sur ses bourreaux) avec la phase bucolique près des champs, où la femme de Max évoque l’héroïne du Day of the Woman (en français Œil pour œil) avant de sombrer dans le drame inévitable qu’on sent arriver, la menace monte d’ailleurs progressivement avec des bonnes phases de stress qui n’ont pas à jalouser les films d’horreur de la même époque. Après ce drame, Max s’enfonce dans la vengeance, emporté par une folie dévastatrice qui semble toucher tout le monde dans ce désert aride.


Excellent film, Mad Max a frappé les esprits pas seulement pour l’aspect western, le côté anticipation ou l’aspect vengeance, mais sans nul doute par les méchants, la bande de motards, les fameux aigles de la route. Véritables artisans du chaos, les motards que doit affronter Max n’ont rien à envier à Alex et sa bande dans Orange Mécanique. Comme dans l’œuvre magistrale de Kubrick, on retrouve du maquillage étrange presque féminin chez les aigles de la route étant pourtant très viril dans leur apparence. Il y a ainsi une perversion distillée, un comportement gay sortant de l’espace chez ces mecs étant hyper virils, machos, violant à tour de bras toutes les femmes qu’ils croisent et pourtant, faisant la même chose avec les hommes. Ajoutez à cela les cris d’animaux qu’ils produisent, chassant en bande, manifestant que des instincts primaire, guidés par un leader qui balance des punline punk et nihiliste, la bande de motard est plus que de simple loubard, c’est l’image même du mal, violent, impulsif, incontrôlable, animal. Leur perversion repousse les frontières et les limites, brouilles les pistes, distille l’horreur par un état de perversion totale croisant la route d’une hyper violence déculpabilisée.


D’autant que ces furieux de la route n’ont pour s’opposer à eux que des policiers aussi violents qu’eux, puisque la plupart des criminels ne sont jamais arrêtés puisqu’ils meurent dans des accidents aussi tragiques que violents. La scène d’intro du film montre d’ailleurs un policier libidineux observant un couple en train de faire l’amour dans les fourées avec le viseur de son fusil, si cela n’est pas parlant, avant de déclarer qu’il va faire la peau au fameux Aigle de la route qui sera la première victime de Max mais qu’on imagine pas exactement la première.


Travaillant comme médecin urgentiste George Miller a pu constater les blessures de victimes d’accidents de voiture assez nombreux en Australie, chose qui plus tard lui a été utile quand il a approché Byron Kennedy avec qui il a produit et écrit Mad Max avec le concours du scénariste James McCausland. Afin de rendre leur film plus crédible ils le placent dans un futur transformant ainsi le film en dystopie. Ne voulant pas situer précisément le film, même si l’on reconnaît aisément l’Australie, il n’y a jamais de nom de pays ni de gouvernement donné. La seule autorité qu’on perçoit est celle de la justice et elle paraît aussi délabrée que l’est le commissariat, pire les représentants de la justice ont un look aussi étrange que celui des policiers tout de cuir vêtu si bien que même la justice semble perdue, corrompue.


Mêlant la violence et la perversion du film de genre tout en apportant un regard acide sur notre société et ses déviances, Mad Max s’impose très vite comme un film choc, mais qui par son côté fou furieux, et galvaniseur de l’aspect film de genre le rend également culte pour tous les fans de films de ce type. D’une qualité bien supérieur à ses concurrents, Mad Max remporte ainsi un vif succès qui va permettre à une saga de voir le jour d’autant que son créateur, George Miller ne manque pas d’idées.


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Sophia
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le 17 mai 2015

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