Bizarrement j'ai trouvé la route du taff beaucoup plus cool ce matin.
Avant tout, ce film est un divertissement, le bruit des moteur couvrant les possibles citations de Molière ou Shakespeare. Passez donc votre chemin si vous supposiez y trouver d'autre inspiration que la façon de vous comporter au volant à Paris.
Maintenant c'est un pur divertissement, du genre rare sur nos écrans en ce moment. Et pourtant Miller n'a ici rien à envier à Michael Bay question boum-paf-bang, néanmoins c'est présenté bien différemment.
Tout d'abord il y a un parti pris esthétique tant dans la bande son (pas que la musique), la gamme de couleurs utilisée (color grading) et dans le rendu recherché. Je craignais de tomber sur un style Rodriguez mais le gore de Mad Max est largement supportable et présent par pincées. Oui ça pète et ça vroum constamment mais c'est lisible, de bout en bout. A tout moment vous savez où se trouvent les véhicules les uns par rapport aux autres, ce que font les personnages et surtout qui est actuellement en train de botter le cul à qui d'autre.
Ceci a peut-être un lien avec la très faible dose de CGI. Alors oui vous allez manger du matte painting, mais ceci est reservé aux arrière-plans lointains. Le reste est du pur Mad Max : des cascades, des cascades et des cascades. Ceci apporte énormément au divertissement car il évite l'effet cartoon des blockbusters qui veulent absolument montrer leur héros casser une voiture en deux du plat de la main, reniant la physique.
C'est une très belle claque graphique et la photographie y est exceptionnelle. On se surprend parfois à regretter que certains plans ne durent que 2, 3 secondes la composition est grandiose. Mais bon, on est là pour rouler, pas pour pique-niquer et le film jongle ainsi entre ces plans BDesques et la nécessité d'avancer. De rouler.
Je garderai en mémoire l'entrée dans la tempête de sable qui est une gifle graphique et la scène suivante, rencontre entre Max, Furiosa et Nux avec une tension impressionnante du convoi d'Immortan s'approchant au loin.
Ce que j'ai trouvé rudement bon est aussi d'avoir étoffé l'univers dans lequel évolue Mad Max : évolution du language, des comportements, des croyances mais aussi la création d'ethnies, de territoires et, sur ce qui nous intéresse, un bestiaire automobile et de pilotes foutrement intéressant.
Même si le film passe allègrement le Bechdel test, on pourra regretter que seuls les personnages principaux soient développés, les méchants n'étant que survolés et finalement trop caricaturés (y compris Immortan Joe). Par ailleurs je me disait que le film aurait pu s'appeler "Mad Furiosa" tant Charlize Theron y tient 2/3 de la scène, tant Max se revèle être suiveur. Et au sujet du traitement du patriarcat, relevé par le titre "Fury", je crois qu'un article sur Rue89 en parlera bien mieux que moi : http://bit.ly/1B9ij6m . D'ailleurs je viens de remarquer sur Sens Critique qu'un MM:V est en préparation, nommé Furiosa. (Bizarre déjà d'avoir numéroté Fury Road comme MM4 sans faire de 3.)
Il est très rafraîchissant de quitter les tropes Hollywoodiens tels que la femme enceinte qui accouche en scène finale, le héros qui serre l'héroïne en fin de film, les filles qui ne servent que de faire-valoir, le combat grand héros vs méchant, etc. RIEN de tout cela dans MM4. Que c'est bon !!!
Bon maintenant le propos était "Fury Road" et pour ça c'est vraiment bien traité : un action pack de 2 heures, foutrement divertissant et ne tirant pas en longueur. Si vous avez aimé MM2 et recherchiez plus de sable, plus de gasoil, plus de route, plus de feu, foncez !
P-tain ce qu'il était bon !
J'hésite entre 8 et 9 pour la note, je crois que je vais lui donner ce 9 (qui redescendra peut-être au second visionnage) ne serait-ce parce que je reste enthousiasmé le lendemain par ce film. Et n'est-ce pas là ce que l'on demande à un film ? De divertir et marquer l'esprit, le laisser euphorique ?