Allons droit au but : ce film est absolument jouissif.
Il est clairement fait pour ça.
Nous avons donc deux heures de course-poursuite de malades en plein désert.
Deux heures de violence et d'action.
Deux heures à s'en prendre plein la figure.
Et plein les oreilles.
Deux heures d'un opéra baroque post-apocalyptique halluciné.
Certes.
Et il y a le reste.
Car George Miller s'est manifestement surpassé.
Il a créé tout un univers, un monde détraqué peuplé de personnages en voie de putréfaction.
Car l'apocalypse est visible ici. Elle est en chaque personnage. Elle a marqué les êtres au fond de leur chair, créant une sorte de pourriture infecte qui les ronge.
Et, bien entendu, elle a détruit tout ordre social. Cette apocalypse est, à proprement parler, la fin de l'humanité. Dans le sens : la fin de ce qui est humain.
Et que reste-t-il ?
Un univers où un personnage rendu tout-puissant s'accapare les ressources naturelles pour pouvoir dominer le reste d'une humanité réduite à l'état d'esclave.
Tiens, ça me rappelle quelque chose...
Et si le monde décrit ressemblait au nôtre ?
Et si l'apocalypse était socio-économique avant tout ?
L'une des grandes nouvelles dans le monde de Max, c'est l'arrivée des femmes. Une arrivée furieusement bienvenue. Car si Furiosa montre qu'une femme peut être aussi brutale et animale qu'un homme, les autres apportent un semblant de beauté et de poésie dans un monde terriblement sauvage. Avec elle, Max deviendrait presque optimiste. C'est dire !
Le film peut d'ailleurs se lire comme une révolte des femmes. Quel est leur rôle dans le monde d'Immortan Joe ? Objet sexuel, poule pondeuse ou vache à lait. Pas une véritable existence, mais un service perpétuel envers les hommes (autre ressemblance avec notre monde ?). La "diversion" de Furiosa prend alors des allures de révoltes des femmes contre leur soumission.
Cette révolte des femmes devient même une prise de contrôle du film lui-même. En fin de compte, Max est pratiquement un personnage bien secondaire, avec ses deux lignes de dialogues ; il est balloté par des événements qu'il ne contrôle pas. Alors que Furiosa est celle qui déclenche tout.
Bien entendu, pas la peine de chercher du réalisme dans ce qui arrive. Ne cherchez pas non plus de profondeur psychologique. Cependant, l'avantage de Miller, c'est qu'il ne veut pas nous prendre pour des cons. Là où des dizaines de blockbusters idiots tentent de nous livrer une pseudo-psychologie de bazar, lui ne tente même pas. Ses personnages ne sont que des prétextes à l'action.
Pour conclure, j'aimerais juste rajouter une mention spéciale pour la qualité des images. Elles sont sublissimes. La tempête de sable géante, les arbres morts hantés par des sortes d'hommes-oiseaux échassiers fantômes, il y a des scènes magnifiques.
En conclusion, un grand film, totalement jouissif, à prendre pour ce qu'il est, c'est-à-dire un divertissement de taré, l'immersion dans un monde de folie.