Beaucoup de critique ont déjà du prendre ce titre. Peu importe, ce titre sonne parfaitement juste avec mon ressenti sur ce film. D’ailleurs, beaucoup de très bonnes critiques ont déjà été faites sur ce site pour vanter les qualités de ce dernier opus de la saga à l’univers post-apo le plus badass de tout les temps (si vous retirez Mad Max 3, bien-sûr). Peu importe, je n’apporterais peut-être rien de nouveau. Je voulais juste simplement parler de cette baffe, remettant les pendules du film d’action à l’heure, trop souvent déréglés par des producteurs avides d’argent, et des yes men peu scrupuleux (non je ne citerais pas de Marvel, je ne voudrais pas tirer sur l’ambulance…).
Pourtant j’avais très peur, car malgré deux premiers volets cultes, très réussi, Mad Max 3 avait planté durablement la saga. En plus, il avait été un véritable calvaire pour Georges Miller, qui avait été contraint, sous la pression des producteurs, de faire un blockbuster calibré pour le grand public (imposé en PG-13, une hérésie quand on connaît la place qu’occupe la violence dans la saga Mad Max). Plus rien à voir avec le reste de la saga, la patte de Miller qui la rendait si originale et donnait tout un souffle épique ayant totalement disparue. Ce dernier s’étant totalement désintéressé du projet, ce n’est qu’après 2000 qu’il tentera de le relancer, et qu’après 12 ans d’enfer de développement qu’il pourra la tourner, ce qui me faisait très peur. Quand on voit certains grands réalisateurs relançant la saga qu’ils ont créé, pour la planter en beauté, (petite pensée pour Prometheus, de Ridley Scott) on est en droit d’avoir peur, 34 ans nous séparent du très bon Mad Max 2, qui avait marqué durablement les esprits, et relancer cette saga me semblait terriblement casse-gueule… Peur qui s’est cela dit, vite envolé en voyant la bande annonce, puis après une longue attente, le film…
Je vais ensuite m’exprimer concernant les critiques sur le fait que le scénario de ce film tienne sur un post-it. Ce n’est pas une mauvaise chose, de très bon films l’on fait, (au hasard Conan de Milius, Predator…) cela permet d’aller à l’essentiel, tout en évitant une perte de rythme, et un déluge d’incohérence ou de Deus Ex Machina assez improbable. Des défauts que l’on peut aisément retrouver dans The Island ou Lucy par exemple, quoique que le scénario de Lucy tient aussi sur un post-it…
En effet le scénario importe peu dans Fury Road, pourtant je vous maintiendrai que Miller est un véritable artisan, plus proche de l’auteur, que du faiseur yes man hollywoodien (à part pour le troisième Mad Max, mais c’était un cas bien à part dans sa filmographie). A mon avis, cela se traduit dans le film par plusieurs choses, la réalisation, les décors, le héros, la violence, et le rythme.
Tout d’abord le rythme est effréné. Le film est une énorme course poursuite, quasiment du début à la fin, pas le temps de souffler ou de s’ennuyer on est pris par le film. Personnellement, je fus incapable de cligner des yeux durant la totalité du film, tellement celui-ci m’a emporté dans sa course. La durée du film est également très bien calculée, évitant un côté Too Much.
Pour ses décors, le film a été tourné en Namibie, et à part la tempête de sable, tout les décors et cascades sont réels. Je pense que ça donne un réel style au film. Ca donnera facilement envie au spectateur d’être immergé dans cet univers. Il pourra ainsi sentir la rouille des véhicules, la chaleur du désert, et l’odeur du sang, plutôt que de voir seulement les mêmes effets numériques et les mêmes fonds vert, commun à la plupart des films d’actions de ces dernières années.
La réalisation est souvent nerveuse et effrénée, contribuant grandement au rythme du film, tout en créant des scènes d’action impressionnante de lisibilité (ce qui est loin d’être une chose facile, regarde Pearl Harbor, et si tu passes outre sa réécriture historique aberrante, tu ne verras rien, tout sera illisible et brouillon). La caméra de Miller sait également se poser pour donner des plans impressionnants par leur beauté. C’est peut-être ça le secret de Miller, il sait faire des scènes d’actions ultra-nerveuse, mais il sait aussi, par moment, se calmer, se poser, et sublimer son film par des plans magnifiques…
Tom Hardy joue plutôt bien Max, même si il n’égale bien évidemment pas Mel Gibson. Un personnage humain, qui pendant les trois premier quart d’heure est à l’opposé du héros Hollywoodien. Même après son évolution de sac à viande, à humain avec une personnalité, il reste bien loin de ces super-héros plein d’espoirs, ne se remettant jamais en question, (ou 5 minutes parce que, depuis The Dark Knight, c’est devenu cool le mec un peu tourmenté, mais avec modération, faudrait pas trop faire réfléchir) et voulant changer le monde. Ici il s’agit de survie et ce, à tout prix, un enjeu auquel je pense, il est plus aisé de s’identifier, un enjeu plus simple, plus humain. Mention spéciale à Charlize Theron également, impressionnante en Furiosa.
Le film est aussi très violent, classé Rated R en Amérique, bien que tous public en France, chose que je ne comprends pas trop. Évite d’y amener ton gosse, même si tu préfères lui faire découvrir cette saga, plutôt que le dernier Fast & Furious. Je comprends totalement, mais attends un peu qu’il grandisse quand même. Miller s’en donne en effet à cœur joie, pour notre plus grand plaisir. Le film est crade et sanglant, tu n’en ressortiras pas indemne, et cela donne une belle ambiance de folie au cœur du film. Bref de la violence bien sale, ça faisait longtemps dans un film d’action, et ça fait du bien.
Au final, je trouve que toutes ces qualités m’ont immergé comme rarement je l’aurai été dans un blockbuster Hollywoodien, tout en donnant au film un réel souffle épique, en créant dans celui-ci une véritable folie ambiante. Ceci, dans un magnifique concert de violence et de destructions. Vu au premier de mes 5 jours au festival de Cannes histoire de parfaire le tout et de bien commencer mon séjour là-bas.