2015 marque une vaste entreprise hollywoodienne de ressusciter certaines grandes licences cinématographiques (Terminator, Jurassic Park, Star Wars) et Mad Max n'y échappe pas (même si le terme Hollywoodien s'applique pas vraiment à cette licence mais passons). La seule différence avec les autres étant que ce "reboot" (mais pas tant que ça...) est opéré par le créateur de l'univers : George Miller. Le projet avait au moins ça de rassurant et c'est probablement la raison de sa réussite.
Disons le tout de suite, Fury Road ne brille pas par son écriture. Le scénario n'est qu'un prétexte à l'action débridée du titre. Mais Mad Max n'a jamais vraiment brillé par son écriture de toute façon, à discuter pour le premier ceci dit, surtout sur le deuxième épisode où là encore une situation simple était prétexte à des péripéties en tout genre, souvent motorisées. Pour autant, je trouve que c'est personnellement une gageure. Cette modestie dans l'écriture nous évite l'écueil de nous proposer des scènes de dialogues interminables où on développe inutilement des personnages. Ici les scènes de dialogue permettent de respirer, de se préparer à la scène d'action suivante, pour encore mieux nous cueillir.
Bien sûr, cette méthode n'est pas une solution à long terme. Si une majorité de blockbuster ne brille pas par leur écriture, ce n'est pas une raison de la bannir. Or, dans le cas de ce film, cela permet de remplir la promesse que nous fait le film. A noter que le film possède quand même deux trois clichés et situations attendues un peu lourdes mais qui se fondent bien dans l'ensemble.
L'aridité narrative est totalement contre-balancée par la force visuelle du film. Le film ouvre les portes de son univers aux spectateurs, tout comme Mad Max 2 (et le trois dans une autre mesure... plus enfantin) via de nombreux détails, créations (maquillages, costumes). C'est par le visuel que le film raconte un tas de chose sur les personnages. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est le personnage de Mad Max qui paraît le moins développé (dans les figures principales en tout cas). Je pense que cet épisode n'a de reboot que le nom puisqu'il peut très bien s'intégrer dans la continuité des trois précédents films même s'il faut accepter, comme à chaque épisode de la saga, que certains changements s'opèrent (visuellement). De ce fait, Max est un personnage qui a été déjà construit avant et ici le film ne fait que perpétrer cette promesse du Road Warrior du deuxième épisode (largement balayé par Le dôme du tonerre ceci dit). Pleins de choses pourraient être cité en exemple mais je ne vais pas vous gâcher le plaisir de la découverte.
Pour revenir sur le visuel, le film n'hésite pas à utiliser une palette de couleur très peu réaliste mais qui donne à l'image une réelle identité selon la situation. Pour parler de l'introduction, Miller n'hésite pas à utiliser un effet tout con, qui en dit beaucoup (mais toujours de manière simple) sur le personnage de Max. Cet effet est très étrange à voir dans un film de ce genre. De manière plus globale, beaucoup d'éléments détonnent avec la production actuelle.
Sur le plan de l'action pure, ce Mad Max conjugue à merveille effets spéciaux numériques et effets spéciaux "à l'ancienne". C'est un réel plaisir de voir ce déluge d'action effrénée sur grand écran. Certains parlent de film "aussitôt vu, aussitôt oublié" mais je ne peux être qu'en désaccord tant certains moments (et images), resteront longtemps imprimés sur ma rétine. Après, je peux comprendre certaines critiques adressées au film.
Pour conclure, Mad Max : Fury Road s'impose comme l'un des meilleurs films d'action de ces dernières années, renvoyant une majorité de la concurrence dans les cordes. La modestie de l'écriture, sa sécheresse (voire ses errances) se fond complètement dans un projet plus vaste : celui de proposer un film d'action visuel et rythmé s'inscrivant de manière furieuse dans notre temps tout en oubliant pas l'ADN de la licence en route : désolation, pneus crevés, et os brisés.