Le choix de privilégier la mise en scène

Trente ans après la sortie du troisième Mad Max, George Miller était attendu au tournant avec ce volet "Fury Road". En résonnance avec ces années 2010, plus sensible à un cinéma hyper visuel et pas forcément axé sur le narratif et le story-telling, le réalisateur a donc choisi de privilégier la mise en scène. C'est aussi le plaisir personnel d'un homme qui a façonné sa franchise comme il aurait voulu le faire avec les moyens technologiques près de quarante ans plus tôt (à la manière de George Lucas pour Star wars). Les images sont donc léchées, chaque plan est travaillé avec un soin incontestable ( cf les scènes de poursuites en prises réelles et les effets pyrotechniques rajoutés mais remarquables) et de ce côté là le spectateur est bluffé par une telle maëstria visuelle. Du côté du scénario, c'est là que le bas blesse car Miller bénéficiait d'une bible précieuse avec les trois premiers volets et il semble qu'il ne l'ait pas utilisé judicieusement. Ce manquement est peut-être volontaire car la jeune génération qui découvre Mad Max aujourd'hui n'aurait su s'encombrer de considérations psychologiques ou existentielles du personnage campé par Mel Gibson. Trés concrètement, Miller a donc voulu que l'image raconte Furiosa et Max à travers leurs passés détruits par deux traumatismes majeurs qui ont fait d'eux des êtres sans foi ni loi qui survivent au jour le jour.Par contre, Miller suggère habilement que la complicité de ces deux personnages naît d'un terrain où ils se retrouvent: leur formidable capacité de résistance et de survie qui les anime. L'un dans l'autre, George Miller a réussi à imposer le compromis qui s'imposait, son expérience faisant, pour que le film marque,soit présentable tout en n'étant pas pathétique. C'est déjà une grande réussite pour un des films le plus attendus de 2015. Le pluriste que je suis regrettera simplement l'ironie mordante de Gibson/Max ( car Tom Hardy n'est pas non plus Marlon Brando même s'il est très talentueux quant à sa présence), la place donnée aux personnages secondaires (on se souviendra plus du petit sauvage au boomerang , du bon gars avec son ULM dans les volets précédents plutôt que du harem de Immortal Joe) et sûrement une esthétique "sans le sou" où chaque trouvaille sur l'image et le dialogue faisait mouche. Avoir les moyens de faire un film à gros budget, ce n'est plus la même approche pour un réalisateur qui a déjà une carrière donc moins à prouver.

Specliseur
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le 14 mai 2015

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