Si vous avez grandi pendant les années 1970 durant votre adolescence, je pense que vous connaissez très probablement "Mad Max", un film de science-fiction futuriste qui a fortement inspiré d’autres œuvres comme le célèbre manga "Ken le survivant" qui s’inspire de cet univers, ou d’autres œuvres de fiction qui s’inspire plus ou moins de ce classique. Alors pour être honnête, je n’ai vu les films "Mad Max" que récemment, et seulement les deux premiers parce que le 3 n’est pas apprécié et est qualifié de nanard donc je n’ai pas pris le temps de le voir.


En ce qui me concerne : j’ai pas détesté le premier Mad Max mais il est largement surestimé par rapport à ce qu’on en dit, des idées sont installés ainsi que des bases, mais l’histoire est au final très simple et m’a paru être une grosse introduction pour le personnage de Max Rockatansky, sans compter que l’univers dans lequel évoluait le premier film n’était pas si bien installé que ça finalement. En revanche, le second film m’a bien plus transporté car l’univers était bien plus clair et net, ça prenait une vraie dimension et la réalisation de George Miller était beaucoup plus travaillée, sans oublier un flamboyant Mel Gibson dans son rôle de solitaire errant sans but et hanté par son passé.


Il faut aussi savoir que ce film a été un énorme bordel à faire et que le projet était en cours depuis des années déjà et que le tournage n’a commencé qu’il y a quelques années en Namibie. Le casting a aussi été assez problématique jusqu’à trouver un successeur à Mel Gibson jusqu’à tomber sur Tom Hardy, qui s’est déjà bien illustré en tant qu’acteur dans le rôle de Bane dans la saga Batman de Nolan ainsi que dans le superbe Warrior.


Alors autant le dire, j’étais motivé pour voir ce nouvel opus malgré l’absence d’un de mes acteurs préférés parce que, voir Tom Hardy dans le rôle de Max, c’était tout sauf une mauvaise initiative. Et ce n’était pas la seule raison, les réactions du public étaient incroyablement enthousiastes, que ça soit de la part des fans, de plusieurs amis cinéphiles ou même des critiques qui l’ont superbement accueilli avec plus de 95% d’avis positif sur rotten tomatoes. En plus, avec la technologie dont pouvait avoir recours George Miller pour son film, il avait de quoi faire une suite voire un reboot énorme, surtout que le film semble être considéré comme tel.


Et ça tombe bien : c’était une incroyable jouissance cinématographique ! Non seulement c’était une grosse tuerie, mais je peux facilement l’ajouter dans mes films préférés de cette année 2015. Je lui trouve quand même une ou deux ombres à lui faire, mais dans l’ensemble c’était un pure bonheur blockbusteresque bien différente de beaucoup d’autres films du style.


L’univers apocalyptique ainsi que la réalisation de George Miller prenne ici une dimension beaucoup plus large, encore une fois. Entre les deux premiers films, Miller avait déjà énormément amélioré son travail en termes de réalisation, ici il va beaucoup plus loin en termes de montage et de mise en scène. Que ça soit les plans larges du dessus, devant ou à l’arrière sur les groupuscules de véhicules des War boys, sur le transport de Max et Furiosa à l’avant comme à l’arrière, le montage des scènes de combats, l’équipe du film disait qu’il avait tourné le film comme si il n’y avait jamais eu de pose et quand on voit le résultat, on comprend rapidement ou ils veulent en venir. Les moteurs vibrent comme des tigres, explosent comme des bombes à retardement, fonce comme des éclairs à travers le désert.


C’est rythmée, c’est nerveux et impulsif, et la photographie avec les couleurs crépusculaires donne un rendu splendide sur cette terre désertique et sans vie, sans compter


la scène de la tempête de sable


qui a été mis en avant dans les bandes-annonces et se révèle aussi convaincant qu’on l’espérait. Une autre idée très astucieuse,


c’est le mélange de la BO de Junkie XL avec le War Boy à guitare électrique lors du climax, faut croire que le gars s’éclatait comme un dingo à jouer avec sa guitare/lance-flamme à ces moments là.


Il ne faut pas oublier que les designs sont également très créatifs : que ça soit pour les voitures,


les instruments utilisé au combat comme ces sortes de bâtons extensible lors du grand final,


le maquillage des War Boy, et un méchant qui pète la classe. La Dystopie de ce film va même dans le dérangeant avec certaines scènes qui en deviennent perturbante et marquante


comme celle des grosses femmes utilisées comme des donneuses de lait, ou encore la folie pure et dure des gangs qui est tétanisant à voir,


surtout si on retient le fait que dans ce monde,


les femmes ne sont pas du tout considéré comme humaine mais comme des instruments, ce qui est davantage démontré ici avec le petit groupe que l’on suit aux côtés de Max et Furiosa.


Y’a pas à dire, ça fait du bien et en terme d’ambiance, ça se différencie énormément de la quasi-intégralité des films à gros budgets de ces derniers temps.


Au niveau de la musique, c’était Junkie XL qui était aux commandes. Autant le dire, j’étais pas fan de son travail dans "Divergente" qui m’avait pas emporté. Mais là, je dois dire que le musicien hollandais y a mis bien plus de volonté que précédemment. C’est fort, c’est très efficace et on retient surtout la musique du climax


avec le montage qui est effectué avec cette bande-son,


ça joue énormément sur les percussions ainsi que les sons électroniques


et la guitare électrique également


et au final ça rend l’univers du film plus immersif qu’il ne l’est déjà. Très bon travail sur ce point là, bien qu'il n'y ait pas de thème principal particulier ou de reprise des anciens Mad Max.


Mais quand on parle de Mad Max, on espère évidemment pouvoir parler des acteurs et un minimum des personnages. Et à vrai dire, c’est là que j’aimerais faire une remarque personnel : surtout au sujet de Tom Hardy. Pas sur son jeu d’acteur parce que sincèrement, il s’en sort parfaitement bien, il est très investi et campe très bien le personnage de Max bien que je garde une légère préférence pour Mel Gibson. Et son personnage garde ce qu’on aimait dans le précédent, c’est un solitaire et un ancien justicier tourmenté par son passé. Seulement, et là ce n’est pas un défaut en soi mais après l’introduction du film et l’arrivée de Furiosa, j’ai vite compris un truc dont les bandes-annonces ne m’avait pas mis la puce à l’oreille :


Max n’est pas le personnage central du film, il est juste spectateur de la folie humaine qui s’est emparé du monde.


Et pour ceux qui aimeraient me dire que l’idée que le héros du film n’est pas centrale comme dans le Batman de Tim Burton, j’ajouterais pour contredire à cela que dans le cas de Batman, ce héros là est aussi populaire que Superman dont c’était excusable, et il restait central même si c’était la journaliste qui était au centre des intérêts,


contrairement à Max ici qui est littéralement un personnage plus secondaire que prévu alors qu’il est le héros à la base et qu'il n'aura pas vraiment de développement.


Bon attention, je ne râle pas intégralement contre ça, donner de l’importance aux autres personnages n’est pas du tout un mal et si on a vu les précédents films on sait qui il est, mais à ce stade, j’ai trouvé que Tom Hardy/Max était limite éclipsé et ça m’a un peu gêné, mais bon ça c’est mon impression, peut être que j’aurais un autre avis en le revoyant d’ici là.


Parce qu’à part ça, je suis juste sous le charme quand je vois Charlize Theron interprétait une Bad-Ass qui pue la classe à tout va. Son look est à tomber à genoux et elle impose le respect en tant que féministe de première classe dans ce film, et au final ça sera surtout elle qui tiendra le rôle principal dans cette traversée du désert. Et même si elle fait pas mal d’ombre à Tom Hardy, le duo qu’elle forme dans la peau de Furiosa avec Max en jette et on les apprécie très rapidement. Et puis même si le film est très orienté action, il prend le temps de développer le personnage un temps soit peu et ce n’est pas plus mal pour la rendre plus mémorable. Et en tout cas je l’ai trouvé largement plus investie dans son rôle et convaincante que dans "Dark Places".


Le groupe de jeunes femmes qui accompagnent notre duo est composé de Splendie Angharad, Capable, Toast the Knowing, Cheedo The Fragile et The Dag, jouées dans l’ordre par Rosie Huntington-Whiteley, Riley Keough, Zoë Kravitz, Courtney Eaton et Abbey Lee Kershaw. Les actrices font bien leur boulot sans pour autant atteindre le niveau de Hardy ou Theron, et leurs personnages sert le scénario et l’intrigue qui y est installé en plus d’apporter un tournant important dans les thématiques de cet univers post-apocalyptique, mais j’y reviendrais.


L’antagoniste du film, à savoir Immortan Joe a un look assez stylé et terrorisant il faut dire et son interprète Hugh Keays-Byrne, qui avait déjà joué dans le premier Mad Max, s’en sort comme il faut. C’est le chef du clan des War Boys et un Big Boss


qui n’hésite pas à prôner la divinité nordique et viking du Valhalla pour envoyer ses hommes à la mort quand il veut arriver à ses fins, dans le cas présent : récupérer ses épouses, ou plutôt ses trésors comme il aime les appeler.


C’est drôle de revoir l’acteur qui jouait l’antagoniste principal du premier film pour interpréter un autre taré de service qu'on adore détester.


Nicholas Hoult, alias Nux le War Boy


adulant Immortan Joe comme un dieu et prêt à mourir pour lui tel un élu,


et donc aussi timbré que le reste de la crique, s’est révélé plus réussi et mieux écrit que je l’aurais espéré. Déjà parce que son look totalement déjanté est classe, mais aussi


parce qu’il remet ses principes en question et apprendra finalement que mourir n’a un sens que si c’est pour une bonne cause,


en fait il me fait brièvement penser aux dresseurs de serpent dans Mad Max 2 mais en plus dingo quand on le rencontre,


et surtout plus dramatique et un peu plus développé quand même.


Et l’acteur s’en sort également très bien.


Pour le reste des comédiens, que ça soit Nathan Jones, Megan Gale, Josh Helman ou encore Jennifer Hagan, pas grand mal à dire non plus. Le casting est excellent, même si mon principal regret vient du manque de présence scénaristique du héros à mon sens.


Mais à vrai dire, est-ce que le scénario peut rattraper cela en sachant que l’action englobe l’intrigue de ce film 70% du temps ? Et bien, franchement ouais, largement ! Mais dans ce cas, renommez le film Mad Furiosa : Fury Road et ça sera parfait. Si si, je vous jure, même si visuellement parlant elle et Max ont à peu près le même temps d’apparition à l’écran, on ne voit bien plus Furiosa que Max sauf quand il doit intervenir, enfin bon j'vais pas m'attarder là-dessus.


Parce que, à part ça, on sent clairement une chose ici qui signe une énorme contradiction avec les précédents volets de la saga : ce film est féministe, et pas qu’un peu. Si vous avez vu le second film, vous aurez remarqué qu’en général, les femmes sont traités comme de vulgaire objet de satisfaction sexuelle ou comme des instruments pour le compte des voyous. Ici, c’est plus explicite et démontré


avec le groupe de cinq femmes qu’emmène Furiosa. L’une d’entre elles s’avère même être enceinte de Immortan Joe à son plus grand dégoût, et le combat final est purement un affrontement entre les sexes (à l’exception de Max qui s’est rangé, malgré les circonstances, du côté de Furiosa et des demoiselles), d’un côté les hommes pensant que ces dames leurs reviennent de droit, et de l’autre les captives qui ne veulent qu’être libre et trouver une terre promise pour fuir la sécheresse et la barbarie régnant dans ce monde complètement fou.


Il est aussi intéressant qu’ici, certaines bases ont subi des modifications, loin d’être inintéressante et qui semble même plus efficace que l’essence dans les précédents volets :


ici, la ressource convoitée par l’homme est l’eau, qui englobe quand même 70% de notre planète, l'essence reste un élément important de l'histoire mais c'est l'eau qui est devenue la matière première principale dans cet univers


et qu’on se le dise une bonne fois pour toute, tôt ou tard ça pourrait peut être nous arriver


et les réactions du peuple dans ce film sont en parfaite logique avec l’univers mais aussi avec la réalité.


Ce qui rend l’univers post-apocalyptique du film encore plus terrifiant qu’il ne l’est déjà, voire même réaliste quand on y réfléchit longuement.


D’ailleurs, plus intéressant encore et qui démontre bien le chaos et la folie dans lequel ce monde est plongé :


vous ne vous êtes pas dit que Immortan Joe était peut être, littéralement, le père de tout les War Boys puisqu’il avait 5 épouses et qu’elles les avaient surement tous mis au monde ? On voit quand même son bras droit hurler clairement « J’ai eu un petit frère » une fois que celui-ci a été sorti du bide de l’épouse enceinte qui a été tué récemment. Tout sent l’oppression et la désespérance dans ce système, même quand les personnages pensent avoir du répit ou un moment de soulagement, une désillusion vient tout de suite détruire leur chimère.


Et c’est jamais amené de manière forcé, c’est concret. C’est rare de voir dans un blockbuster un univers aussi chaotique et assumé que celui-là, autant le dire, ça change énormément de tout ce qu’on a pu voir jusqu’à présent.


D’ailleurs je ne suis pas prêt d’oublier la scène de la tempête de sable, rien que le gros plan horizontale entre l’entrée de l’ouragan et les véhicules est grandiose pour le plaisir des yeux, et la course-poursuite finale qui réussie l’exploit d’être largement supérieur à celui du deux, le rythme, le montage, l’imagerie, la gestion des actions, la folie, bref, du grand bonheur.


Sans compter que ce quatrième opus a aussi placé des clins d’œil sympathiques aux précédents films de la saga,


comme la boîte à musique que Max a donnée à l’enfant sauvageon du second film et que l'on retrouve entre les mains d'une des 5 femmes du groupe,


les fans pourront s’amuser à les retrouver, surtout s’ils ont également vu le troisième opus de cette saga.


Au final, malgré la mise en retrait du personnage principal, je ne vais pas mentir : j’ai sans mal passé un des meilleurs moment de cinéma de cette année, et ce film mérite sans aucun doute d’être considéré comme l’un des plus grands blockbusters de ces dernières années. George Miller s’est sans cesse amélioré dans la mise en scène et le montage de film en film (je ne compte pas le troisième opus), l’univers est toujours de plus en plus passionnant et enrichissant, l’action est superbe, la musique très entraînante, Tom Hardy fera un bon nouveau Max Rockatansky si les suites voient le jour et surtout l’ambiance est une emprunte propre au film. Dans l’ensemble, découvrir la saga Mad Max m’aura aura été une expérience vraiment passionnante, et j’attends impatiemment de voir comment la saga va évoluer à l’avenir. Si vous ne les avez pas encore vu, courrez-y, c'est vraiment une saga qui vaut le coup d'oeil.

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