MAD de MAX

Un plaisir fou, voilà ce que ce fou de Max procure dans ce quatrième opus qui est plus un reboot magistral qu'une suite inspirée.

Difficile d'être bref tant il y a à dire sur Mad Max Fury Road mais je vais m'efforcer de l'être en me concentrant sur les points fort de ce Survival apocalyptique qui révolutionne le blockbuster et, par ce fait, rend ridicule un paquet de films d'action récents ("Avengers 2" par exemple, qui semble du coup avoir été fait pour des gosses biberonnés à Walt Disney).

Pour commencer, la 3D. Comme beaucoup (heureusement) j'y suis sceptique puisqu'elle est souvent très mal utilisée et ne sert qu'à mieux attirer le spectateur (et lui faire payer un supplément...) Je parle de ces films qui recrée la 3d numériquement en postprod sur demande des studios (souvent après le tournage, pour tenter de renforcer une attente du public jugée trop faible malgré la promotion) et qui du coup deviennent des films où la 3d n'a aucun intérêt puisque les plans n'ont pas été tournés pour être en 3d... Ici, soyons clairs, rien à voir. ENFIN une 3d qui apporte une énorme plus-value à l'esthétique du film, à l'action, à l'immersion du spectateur. Car, nom de Zeus, c'est bien à ca que doit servir la 3d ! Mad Max ayant été tourné dans ce mode, on pouvait déjà s'attendre, sur le papier, à une belle 3D. Mais bon sang, une fois sur son siège, quelle jouissance que ce sentiment d'immersion qu'elle apporte sur ce film lorsque les conditions optimales de projections sont réunies ! Alors, vous l'aurez compris, il FAUT aller voir Mad Max en 3D et il FAUT aller le voir dans une GRANDE salle en étant au milieu de la salle, sur un GRAND écran (4k dans l'idéal) et avec BON son (le film est en Dolby Atmos).

Et j'en viens à la réalisation et en particulier les choix techniques et esthétiques du film qu'ont fait George Miller et son Chef-op... Tout simplement révolutionnaires. Le choix des plans, le positionnement de la caméra par rapport à l'action, le montage des scènes (évidemment décidé en préparation du tournage) TOUT est fait pour que l'immersion ne soit que plus forte. Au point même qu'on a l'impression qu'une bonne vingtaine de caméras ont dû être détruites pendant le tournage tant certains plans vous placent au coeur de l'action... Amazing !
Et je ne m'étalerai pas sur le décor, ces déserts infinis aux cieux apocalyptiques à la croisée du Far West et d'une autre planète, filmés par moment avec contemplation grâce à de magnifiques plans d'ensemble, comme dans un Western de John Ford.

Concernant le scénario, certains le décriront sans doute comme un peu simpliste mais ce n'est pas mon avis. Utilisant en toute logique les bases posées par la trilogie qui le précède (un contexte post-apocalyptique centré sur le manque de pétrole et où les gens sont redevenus sauvages et n'ont pour la plupart pour unique but que de survivre)le film assume son genre premier, celui du Survival. L'intrigue ne recherche donc pas la complexité dans ses "grandes lignes" mais laisse ainsi le champs libre à toute la créativité et l'originalité de Miller qui s'exprime alors à merveille DANS le déroulement narratif des séquences d'action, pleines de rebondissements, chorégraphiées comme jamais, captivantes, haletantes, et donc complexes (bien plus que dans beaucoup de films d'action). Cette originalité, cette créativité, s'exprime aussi à travers la violence visuelle, loin d'être conventionnelle, et qui la transforme en un grand spectacle, un feu d'artifices jouissif et fascinant, mais sans jamais être dérangeant (la dimension de divertissement est prépondérante).

Enfin, il faut que je parle du son. Au delà de la musique qui m'a rappelé Carmina Burana et rythme les scènes d'action avec brio en y ajoutant une dimension épique et même divine (le combat des Dieux) j'ai beaucoup apprécié le travail sonore, avec la rareté des dialogues et la forte présence des bruitages qui renforce l'immersion et le coté primale, sauvage, des protagonistes et de l'environnement. Et, gros bonus, la présence de batteurs et d'un guitariste sur l'une de ces voitures de l'enfer dans la horde des méchants, jouant de la guitare électrique et du tambour de manière pendant les poursuites, un choix audacieux, drôle mais jamais ridicule, et FOU comme ce film incroyable...

Voilà pour ce bijou de film, cette expérience sensorielle, qu'est Mad Max Fury Road, et il ne s'agit ici que des points qui m'ont paru les plus forts parmi les multiples aspects réussis. Alors que vous ayez vu les 3 premiers ou pas, n'attendez plus : courez voir Mad Max, vous n'en sortirez pas indemnes !