La semaine dernière, je suis allé chez mon coiffeur préféré de Lyon 7eme après un an à me contenter des coiffeurs provencaux. C'est bien la première fois qu'il me rate et je me retrouve avec la même coiffure que Mel Gibson dans Mad Max 2 The Road Warrior, c'est à dire long où il faut pas et court là où en aurait pas envie. Du coup j'ai eu envie de revoir Mad Max et Mad Max 2 The Road Warrior, mais je n'ai toujours pas trouvé le courage de regarder Mad Max Beyond The Thunderdome.
Alors ça tombe bien que Mad Max Fury Road soit actuellement en salle, j'ai pu aller vérifier si Tom Hardy est mieux coiffé que Mel Gibson.
La première chose qui saute aux yeux c'est que ce Mad Max n'est pas un Mad Max. Le premier Mad Max contait la descente aux enfers d'un super flic ultra charismatique traqué par un gang de méchants aussi dangereux que tarés. Un film glauque, malsain, cruel, souvent dégueulasse et aux courses poursuites passées en accéléré. Le second est un film post apo dans le désert avec un héros solitaire, des méchants volontairement ridicules, à l'esthétique toujours malsaine et glauque, mais avec des personnages nuls et une course poursuite un peu molle à la fin. A priori, les deux films n'avaient rien en commun excepté l'enrobage global du film. La violence, le sang, la cruauté illimitée et le dégueulasse (le viol, les doigts, la scie, les bûchers, le boomerang...).
Croyez-le ou non, mais c'est exactement tout ce qu'il manque dans ce Fury Road. Et, croyez-le ou non, c'est bel et bien le même réalisateur aux commandes.
Ici, tout est édulcoré. La violence est fun, là où elle était dérangeante dans les premiers. Point de sang, point de cruauté gratuite, point de malaise durant le visionnage. Ce Mad Max ne peut pas être un Mad Max car il est trop propre sur lui, trop aseptisé. C'est le premier deuil que vous devez faire avant d'aller voir ce film. C'est assez difficile à faire si comme moi vous étiez venu voir Mad Max, mais heureusement, comme à toute chose malheur est bon (ou quelque chose du genre), ce produit dérivé de Mad Max 2 The Road Warrior en a sous le capot, passe la seconde, en garde sous la pédale, regarde dans le rétroviseur, n'a pas peur de la route et en met plein les essieux (n'hésitez pas à rajouter vos propres expressions bien connues en rapport avec la tôle).
Car ce Mad Max Fury Road a les qualités qui manquent cruellement aux films "dont il faut laisser le cerveau à l'entrée pour aller les voir" mais qui se révèlent barbants, bavards, et bidons au final. Fury Road a ceci de plaisant qu'il est deux heures d'action effrénée avec quelques interruptions de temps en temps pour souffler un peu. Il a ceci d'intelligent que l'univers et les enjeux nous sont révélés petit à petit au fur et à mesure que l'action avance, qu'il échappe aux éternelles romances nulles et aux sempiternelles blagues pourries des protagonistes rigolos qu'on nous sert habituellement dans des films censés être d'action mais où il ne s'y passe jamais rien à part lors d'une bataille finale moche et molle tournée sous CGI flags.
Fury Road a ceci d'extraordinaire qu'il est un immense pied de nez aux blockbusters de ces 15 dernières années en tournant sa scène d'action finale et explosive, non seulement lisiblement, non seulement avec goût, non seulement en contournant les clichés, non seulement avec des tonnes d'idées, mais en plus en nous la servant dès le début et sans interruption pendant 2h. Contrairement à Michael Bay et autres producteurs Marvel, qui veulent nous vendre des films chiants en prétendant faire du second degré alors qu'ils se prennent bien au contraire très au sérieux, Georges nous sert ici un délire décomplexé totalement assumé, à la manière d'un Crank dans un autre registre.
Pourtant, le film n'est pas sans défauts, et le peu d'enjeu est vite désamorcé avec respectivement des nanas qui prennent des douches dans le désert (très nécessaire donc lorsque l'humanité manque d'eau), des méchants aveugles qui vident des chargeurs dans le vide (très intelligent donc lorsque l'humanité manque de munitions) et des guitaristes qui lancent des flammes pour le fun (très utile donc lorsque l'humanité manque d'essence). C'est pas demain que je vais me mettre à respecter les gratteux. On aurait aimé un poil plus de cohérence avec l'univers d'autant plus que celui-ci est très bien présenté, que ce soit au niveau de l'esthétique des décors ou des différents rôles des personnages. Comme je l'ai dit, les enjeux de l'histoire nous sont dévoilés au fur et à mesure de l'avancée des personnages, et c'est la même chose pour les différents clans, personnages et lieux de cet univers. A l'image du Max muet, le film ne nous raconte rien, il nous montre, et c'est ce qui fait toute sa force. Je passe sur ce que tout le monde a déjà dit sur le sous texte féministe et Charlize en Sigourney d'Or 2015 et je confirme.
Pour résumer, ce Fury Road est un Mad Max édulcoré et aseptisé, et où l'univers de The Road Warrior est développé et étendu, le tout saupoudré de références plus ou moins subtiles (Interceptor/les flashs) au premier du nom. Mais, si ce n'est pas le Mad Max auquel on aurait pu s'attendre, il restera sans doute comme le meilleur film d'action depuis des années, la faute sans doute à la médiocrité de ces derniers, mais bon on ne va pas bouder notre plaisir.