Mad Max est au 7ème art ce qu’est le ventriglisse pour l’humanité : particulièrement stupide et barbant
Pourtant le navet cinématographique a marqué les esprits sans que jamais la passion fanatique à son égard ne faiblisse. Plus qu’une critique, qui n’aurait pas lieu d’être étant donné la platitude bruyante qui caractérise le produit, les quelques lignes qui suivent font l’analyse anthropocentrée de l’arrivée fracassante de la folie Mad Max sur grand écran – En quête d’action d’un film qui n’en manque pas.
Plus qu’une œuvre, cet ovni comme on peut l’appeler, est avant tout un phénomène de société qui doit être analysé à l’aune des personnes qui en sont les fervents défenseurs, les Jean-Thimothé : de leurs premiers émois audiovisuels au déclic qu’a provoqué chez eux Mad Max Fury Road (MMFR).
Détrompons-nous, les Jean-Thimothé ont toujours existé. S’ils se sont faits particulièrement discrets avant l’avènement du sacro-saint MMFR, ils étaient pourtant là, dans nos campagnes, dans les villes et surtout sur les internets. C’est au détour d’une salle obscure projetant « tu sais qui » que leurs voix se sont soudainement élevées et propagées comme de la poudre de perlimpinpin pour encenser le nouveau messie. - Explications
En effet, Jean Thimothé a trouvé une œuvre à la hauteur de son petit cervelet. Il a attendu une paire d’année pour enfin se sentir libre d’exprimer son amour pour la médiocrité. Ce jour tant attendu arriva par la grâce de MMFR et Jean Thimothé, se sentant pousser des ailes puisque débarrassé de ce qui lui restait de matière grise, s’écria haut et fort :
Eureka, le voici, le voila,
Complètement barjo se film-là,
Complètement gaga !
Mais qui est donc Jean-Thimothé ?
Voyez-vous Jean Thimothé, depuis sa tendre enfance, aime en secret les films de beaufs mais ne l’assume pas vraiment auprès des autres. Il a vu 3 fois chaque fast & furious et observe, tous les ans, 1 minute de silence à la date du 30 novembre. Il apprécie les Oceans, les missions impossibles et quand il repense aux années Taxi une petite larme coule sur sa joue, ça c’était du grand cinéma ! De manière générale, il apprécie tout ce qui est ou peut être franchisé en bon fada des plats réchauffés qu’il est.
Pour autant Jean Thimothé est futé, il a plus d’un tour dans son sac pour ne pas se faire griller. Ses films préférés ? il répondra Pulp Fiction et Shining sans sourciller. Ses séries favorites ? Breaking bad et la casa de papel sans aucun doute. Les livres qu’il recommande ? Le petit prince et l’Alchimiste voyons. Un parfait écran de fumé alimenté par des gouts sans originalité, l’interlocuteur, quant à lui sera mentalisé. Au quotidien, lorsqu’on lui demande son avis sur le dernier Marvel, il attend toujours que quelqu’un d’autre se prononce sur le sujet. Il s’adaptera en fonction de la situation. Etrangement Jean Thimothé connait toute la chronologie Marvel et DC (si tant est que cela ait une quelconque importance) et aura sans doute déjà précommandé un billet pour le prochain film de la saga (il prend toujours le même numéro de siège, il y tient beaucoup).
Mais voilà que 2015 marque un tournant dans la vie Jean Thimothé, il a vu MMFR. Il est tout chamboulé, retourné, galvanisé par l’univers qu’il a entraperçu entre deux courses poursuites. Il ne peut dormir et veut crier « sois témoins !!! » à son chat Gaston et sa voisine Jacqueline. Le déclic est la : « ç’en est trop !» se dit il, « c’est décidé je fais mon coming-out ». A partir de ce jour, Jean Thimothé assume ses gouts et le monde est témoin (effectivement) d’un déluge incessant de commentaires encensant l’œuvre. Un phénomène socio-culturel à l’échelle des Printemps Arabe, une révolution, une insurrection.
Sa ferveur mène Jean-Thimothé à défendre son poulain contre vents et marées. Il chie des critiques plus indigentes les unes que les autres sur allociné et SC (il a crée un compte pour l’occasion), il emploie des mots qu’il ne comprend même pas et tient la jambe pendant une heure à toute personne ayant moyennement apprécié la supercherie MMFR (un peu comme les supporters de J-L. M).
Jean Thimothé a aimé les voitures, les explosions, la musique, la bagarre… mais ce n’est pas ça qu’il va mettre en avant dans ses critiques. Non non. Il parle d’allégorie de la vie essentiellement. Une soi-disant fuite en avant dénoncée par l’œuvre. A partir des interactions entre Max et Furiosa à propos de l’Eden vers lequel elle courre, il analysera « Nous fonçons tête baissée vers un monde parfait idéalisé qui nous procurerais bonheur, equité et prospérité mais pour l’atteindre nous ravageons la planète au point d’en faire un monde désertique » et conclura par « Notre Eden est ici même, pas besoin de coloniser une autre planète (mars), sauvons ce qui est à sauver ». D’autres mettrons en avant l’absurdité de l’humanité prête à suivre, dès que la civilisation s’effondre (ou que le peuple ne fait plus confiance aux structures officielles), des Gourou et dictateurs qui leurs promettent une vie meilleure (les War boys envers leur chefs). Un avertissement selon eux, de ce qui nous attend. A croire que Jean-Thimothé vient de découvrir la dystopie et le post apocalyptique.
A ce titre nous pourrions alors dire que Twilight dénonce la masculinité toxique et l’emprise psychologique et Les Anneaux de Pouvoirs l’immobilisme de la société au travers de son vide scénaristique. Personne n’est dupe, la vacuité du message porté par MMFR n’a d’égal que son action perpétuelle. Comme un enfant TDAH faisant un exposé sur la relativité restreinte.
Ainsi, parmi les œuvres pour lesquelles Jean Thimothé se donnera corps et âme, Mad Max en constitue l’ultime joyau, éblouissant le monde par son inconsistance. Le fer de lance d’une génération qui s’assume, forgé dans le creuset de la banalité. Thimothé est devenu ce qu’il rêvait d’être : le War Boy de son film préféré et, finalement, de sa propre médiocrité.
Pensant certainement avoir encore quelque chose à nous raconter, le prochain opus de la saga Mad Max dénommé Furiosa sera bientôt distribué en France métropolitaine. Une suite qui n’est pas totalement dénué d’intérêt néanmoins, contrairement à ce qu’en pense ses détracteurs. En effet, a la manière d’un Richard Linklater et son œuvre « Boyhood », l’évènement permettra de suivre l’évolution des Jean – Thimoté, 9 ans après les faits. Un rendez-vous à ne pas manquer.
Cette analyse critique peut contenir des traces de sarcasme, de condescendance voire de dénigrement. Si vous êtes allergiques à ces éléments veuillez contacter le centre anti-poison le plus proche et laisser un poce bleulaune.
A fuseeman et ses « voitures rouges » qu’il aime tant