Puissant, déjanté, frénétique et intense. Les superlatifs ne manquent pas pour décrire la dernière claque que nous met George Miller, qui, après "Babe, le cochon dans la ville" (oui, c'était lui) et le dyptique "Happy Feet" (oui, c'était également lui) revient aux sources du personnage mythique qui l'a rendu célèbre il y a plus de 35 ans, Mad "Road Warrior" Max, en lui proposant une cure de jouvence des plus efficaces et des plus renversantes.
Un tour de force visuel, alignant les ingéniosités de mise en scène du début à la fin et dans lequel le rythme ne désemplit jamais, intensifié par un montage net et précis où aucun plan n'est en trop et justifie à chaque fois celui qui suit. Le tout sublimé par une superbe photographie, soulignant encore davantage l'horizon infini de rochers et de sable qui entoure nos personnages.
Il règne dans ce film, à mi-chemin entre le western moderne et le film d'anticipation désillusionné, une tension constante, qui prend la forme d'une course-poursuite effrénée aux confins d'un décor désertique dans lequel il n'y a aucun moyen de fuir ou de se cacher et dans lequel la menace, symbolisée par une armée de grosses cylindrées en tous genres, est toujours bien présente.
Un croisement atypique entre le blockbuster survitaminé et le film d'auteur sans concessions, dans lequel 80% de ce que vous voyez à l'écran est bien réel. Ce qui, en ces temps du "tout numérique", est assez rare pour être souligné et permet de rajouter encore davantage de véracité au danger auquel sont confronté Max, Furiosa et leur convoi spécial, et donner encore plus d'impact à ce choc motorisé lancé à pleine vitesse, transpirant l'huile de moteur et le sable chaud.
Une relecture, une réinvention du mythe Mad Max certes. Mais George Miller n'en oublie pas pour autant ce qui fait l'essence même de cet univers : celle d'un homme solitaire en quête de rédemption dans un monde post-apocalyptique où la loi du plus fort règne en maître et dans lequel l'espoir n'a plus sa place. Un monde dévasté, dont la représentation a été poussé à son paroxysme, que ce soit dans le look qu'arborent les serviteurs d'Immortan Joe, le grand méchant du film, ou encore dans celui des bolides qu'ils conduisent (mention spéciale au guitariste fou...et à sa manière si particulière de mettre le feu).
Ajoutez à cela des acteurs en pleine possession de leurs moyens (un Tom Hardy ultra charismatique dans le rôle de Max, une Charlize Theron intense et touchante dans le rôle de Furiosa ou encore un Nicholas Hoult totalement fêlé dans le rôle de Nux), et vous obtenez une œuvre magistralement maîtrisée de bout en bout et ne reculant devant aucune audace pour nous proposer un morceau de bravoure comme rarement on nous en a proposé ces dernières années au cinéma.
"Mad Max : Fury Road" est un grand huit jouissif et sans temps mort dont vous vous remettrez sans doute...un jour.
What a lovely day, indeed...et vivement la suite...