J'aime bien ma première critique de Mad Max Fury Road, je l'ai écrite en 2018, trois ans après avoir vu le film au cinéma, par deux fois. J'y ai décrit un sentiment tenace d'efficacité mêlé a mon besoin récurrent de parler de violence routière même si je suis obligé d'avouer que bon, Mad Max en vélo..., au pire pourquoi pas? Il m'arrive régulièrement de me prendre pour Mel Gibson 79 sur deux roues quand je me retrouve face à un gentil papa, ou une gentille maman, qui tente de forcer ma priorité sur la voie, porté par l'élan de son moteur. Mais les vilains tout nus, les méchants à clous pointus, les tordus à crête et les shootés à l'insécable feraient moins les malins sur des tricycles modifiés et l'expérience sonore en pâtirait très fort


J'ai beau avoir adoré le film, il y a maintenant 5 ans, acheté la version Black&Chrome il y a 2 ans, avoir Netflix, c'est au bout de tout ce temps que je me décide à le revoir et la projection fut spéciale, non seulement par rapport à la qualité du film, par rapport au noir et blanc qui en modifie la perception mais aussi par rapport au fait d'avoir posé par un écrit un constat quelques temps avant.


Pas que ce soit ma tasse de thé d'énumérer les passages mais j'étais abasourdi par la somme de détails qui fourmille tout le long du film. Penser que je n'ai fait aucune allusion au guitariste m'a rendu dingue. On a l'impression comme ça qu'il sert un peu de loufoquerie avec un aspect visuel réussi. Néanmoins il donne de l'ampleur à l'image à chaque fois qu'il apparaît en servant d'accroche visuelle centrale et avancée, instaurant profondeur et largeur dans tout le cadre, effet flagrant au cinoche en 3D qui fonctionne relativement bien en 2D, mais il me semble impératif d'évoquer sa contribution sonore tant il rythme les assauts à courte distance et garde la pression sur les fuyards, lorsque sa troupe est semée à des kilomètres.


L'aboutissement passe aussi par la réussite des Warboys, cette bande de dégénérés qui se contente du privilège de garder le volant. Une réussite esthétique malgré l'abandon de l'imagerie proto-punk étroite à cet univers, mais aussi spirituelle en semant des pistes de réflexions sur d'éventuels dogmes amenant leurs esprits à une folie incommensurable, surtout si on met en perspective que les plus jeunes n'ont pas insisté à défendre la mémoire de leur gourou, après son décès. On leur doit le génie de la scène qui lance le film, celle qui s'avère être la plus barrée, quand il défendent le camion de Furiosa déjà mutine, contre des pilleurs du désert alors que Max sert de globulard planté en étendard à l'avant de la voiture. D'emblée, il renvoient tous les punks du "II: Le défi" à la rue avec leurs clébards.


Je n'avais pas ressenti le besoin de parler des femmes et c'est vrai qu'encore une fois, tant de choses ont été dites sur Furiosa qu'il me semble vain d'en parler. Je me souviens d'être resté coi quand j'ai découvert, avec Max, les pouliches d'Immortan Joe en train de s'abreuver à la citerne. Au delà de l'imagerie oasienne confondant au mirage, elles donnent sens à la rébellion du joug patriarcal que les garçons susnommés n'ont pas osé faire et si l'utilisation de leurs personnages, le long du film, est dans l'ensemble réussie, en particulier Capable et Splendide, elles restent bien pales en comparaison des vieilles amazones, familières de Furiosa, auxquelles le noir et blanc restitue une authenticité concrète.


Qu'on se le dise, Mad max Fury Road est un film de plaine avec des décors somptueux étalonnés merveilleusement qui noient ses personnages dans un océan de sable au jaune resplendissant. Ici, la version black & chrome aplatit les étendues et lisse les contrastes. Par contre, elle prend tout son sens sur les visages, de préférence granuleux, comme celui d'Immortan Joe, du mange mort, du bullet farmer ou de la gardienne de graine. La désaturation excelle aussi dans le peu d'intérieur, situé uniquement dans la citadelle relevant l’impressionnisme de la machinerie et transcende la tempête de sable qui était déjà épique en couleur.
Des raisons qui doivent prévaloir dans le jugement de George Miller

Toshiba
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le 12 avr. 2020

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