Entre indifférence et satisfaction formelle

Comment concilier une histoire loin d'être palpitante avec une réalisation tout bonnement excellente ? C'est ce problème qui a presque couru durant tout le film pour moi et qui reste difficile à résoudre.


Max Ophuls met en place des problématiques traditionnelles de la haute bourgeoisie : une femme dépensière, un mari haut placé peu disponible, et au milieu de tout ça, un amant. On retrouve une fois encore cette logique du triangle amoureux. C'est donc cette fameuse "Madame de..." qui se trouve courtisée par un autre homme que son mari pour finir par s'éprendre de lui. Si cela survient dans la vie de cette femme, c'est parce que nous comprenons à quel point sa vie se résume à du vide et à de l'ennui.


Vide, ennui. Le problème que j'ai eu avec ce film réside peut-être également dans ces deux termes choisis ici. L'histoire est assez plate, convenue et sans réel mystère ni intérêt particulier. Le seul détail qui vient bousculer un peu cette histoire des plus classiques est le problème des bijoux. En effet, par un enchainement causal couplé à un hasard de circonstances assez déconcertant, les bijoux dont elle s'est débarrassée au début vont croiser à nouveau sa route, comme si le destin devait s'abattre sur la trahison initiale de cette femme envers son mari. Cette idée pour mettre en place ce tournant de l'histoire aurait pu donner lieu à des choses intéressantes mais la manière dont le scénario se déroule se révèle trop inefficace selon moi.


Le problème c'est que si l'intégralité de l'œuvre est extrêmement bien mise en scène, avec une réalisation générale très classe et une élégance formelle plaisante, on s'ennuie tout de même tant leurs problèmes mondains ont du mal à toucher le général. Je dirais même que cette façon d'avoir réalisé l'histoire fait que l'on peut la poursuivre sans s'endormir devant l'indifférence que l'on peut ressentir quant à l'évolution du sort des personnages.


La fin du film m'a même donné l'impression d'un drama forcé malgré une bonne idée de mise en scène et une intelligence dans la gestion des plans composant le final.


Je suis passé un peu à côté sans avoir toutefois pleinement détesté. Dommage.

Tystnaden
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le 4 mai 2021

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Tystnaden

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