Madame Doubtfire par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Daniel Hillard est un homme heureux qui adore ses trois enfants à tel point qu'il ne recule devant aucune extravagance pour leur faire plaisir. Miranda, son épouse depuis quatorze ans, se lasse quelque peu de son manque de maturité et finit par demander le divorce. La décision est sans appel pour Daniel, le tribunal décidant la garde des enfants à la mère et plus encore, pas de droit de visite pour le père.
Celui-ci est bien sûr au désespoir, il ronge son frein et tente de trouver une solution pour reprendre contact avec ses enfants. Il suffira qu'il apprenne que Miranda réclame par annonce une nurse pour que jaillisse en lui une idée lumineuse . Avec quelques accessoires il va se déguiser en nounou et se présenter à sa femme sous le nom de Madame Doubtfire, personne très recommandable, ayant l'expérience des tâches ménagère et les qualités requises pour avoir en charge trois enfants. Cette "dame" est alors embauchée et va tenter par ce biais de reconquérir ses enfants et pourquoi pas sa femme...

La vie a parfois du bon lorsque l'insouciance l'emporte sur les dures réalités de l'existence. C'est certainement l'avis de Daniel Hillard qui, pour ses enfants, n'est pas à une extravagance près. Bien sûr ceux-ci s'en donnent à cœur joie, le voisinage apprécie un peu moins et Miranda son épouse encore bien moins puisqu'elle en arrive à demander le divorce. Daniel, envahi par ce personnage de clown au nez rouge qu'il se donne, dû en grande partie à sa profession de bruiteur-imitateur, reste anéanti et ne peut comprendre un instant cette décision qu'il pense injuste et qui va ruiner sa vie à jamais.

C'est d'après un roman de Anne Fine: Madame Doubtfire qu'a été réalisé ce très bon film de Chris Columbus. Cette œuvre fort bien maîtrisée possède la double qualité d'être à la fois grave et comique et passer de la comédie au drame n'est jamais chose aisée. En effet tout se mêle de façon harmonieuse, ce qui fait passer le spectateur de l'émotion au rire sans aucune transition. Il faut voir Daniel désemparé, puis reprenant espoir au contact des siens par un déguisement qui lui occasionne toute une cascade de tracas plus drolatiques les uns que les autres. On guette à longueur de film le moment où notre héros va commettre la gaffe qui lui sera fatale, celle qui le démasquera. Il la frôle et finit par s'en tirer de manière inattendue.
Malgré les fous rires qu'il nous procure, ce pauvre père de famille fait pitié, lui qui se débat comme il peut au milieu d'une situation plus qu'incertaine qu'il s'est lui-même créée. Pour tenir ce rôle ambigu, le réalisateur a fait le bon choix en faisant confiance à Robin Williams tantôt pitoyable et désespéré, tantôt tendre et drolatique.
Le film reposant sur son personnage presque uniquement, il réussit à lui donner une véracité extraordinaire en évitant de tomber dans le piège de la loufoquerie qui aurait altéré la force du sujet. Sally Field, dans le rôle de Miranda, qui donne une excellente réplique à son curieux mari, contribue avec bonheur à donner du piment à cette curieuse aventure familiale. En fait cette œuvre fort divertissante a beaucoup d'atouts pour séduire un large public. Le théâtre ne fut d'ailleurs pas en reste puisque l'adaptation de Daniel Roussel dont Michel Leeb reprenait le rôle-titre fit une belle carrière.

Il est certain que Chris Columbus est un réalisateur de talent qui nous a habitué à quelques films à grand succès tels que "Maman, j'ai raté l'avion" et bien d'autres. Personnellement celui-ci m'a particulièrement touché pour son sujet et pour son interprétation assez fabuleuse. Alors un conseil, laissez-vous tenter par cette oœuvre qui vous réservera des moments de sourires teintés d'émotion.