Volt négatif !
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Il est amusant de voir à quel point "Madame Hyde", nouveau film de Serge Bozon, s'est laissé avoir à son propre jeu. Que ce soit l'affiche, le casting prestigieux ou la bande-annonce, tout portait à croire que nous serions en présence d'une comédie fantastique. Si ce dernier genre est assez présent dans cette histoire de professeure timide qui va, suite à une malencontreuse expérience, changer radicalement de personnalité, l'aspect comique est cependant quasi-absent. Et lorsqu'on s'aperçoit que l'intrigue du film est articulée autour des faux-semblants et de la pression sociale qui touchent la plupart de ses personnages, on ne peut que s'amuser de la coïncidence.
"Madame Hyde" est un film surprenant. Son rythme peut désarçonner du fait de scènes étirées, parfois même de manière abusive, et d'une caméra qui se placent là où on ne l'attend pas toujours. Son sujet par contre, est d'un intérêt tout particulier. Même s'il reprend jusqu'aux noms des personnages du roman de Robert Louis Stevenson, "Madame Hyde" utilise cependant le recours au fantastique comme un support pour mettre à jour une société schizophrène que le film va s'amuser, au fur et à mesure de l'intrigue, de déconstruire. Serge Bozon, expose les graves dysfonctionnements de cette dernière en nous montrant la façon dont sont éduqués les jeunes par la société, entre carcans institutionnels laissant les élèves sur le carreau et véritable pédagogie visant à les faire participer et à leur permettre de s'émanciper. La séquence où Madame Géquil met enfin en pratique ces théories au sein de son cours voit ce dernier être repris et mené par ses propres élèves, une image forte qui met en valeur les parti-pris d'un cinéaste prônant des méthodes d'enseignement alternatives.
Le hic, c'est que si l'intention est bonne, l'ensemble n'est pas aussi harmonieux qu'il pourrait l'être. Le film prend parfois des directions inattendue voire opposées et marchent sur des plates-bandes surnaturelles assez maladroites voire inutiles.
Ajoutez à cela un côté très théâtral qui met en valeur certains acteurs (Isabelle Hupert et surtout Romain Duris qui compose un personnage extrêmement savoureux) mais en dessert d'autres (José Garcia, assez creux au final) et le film devient alors assez bancal dans son ensemble.
Mais même si certains choix n'apparaissent pas très judicieux, la tentative de critique et le jeu sur les apparences méritent qu'on jette un oeil à ce film plus subtil qu'il n'y paraît de prime abord.
Créée
le 9 avr. 2018
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