Sans atteindre des sommets, Mademoiselle Gagne-tout est néanmoins une comédie de bonne facture, portée par des acteurs à l'aise dans des rôles taillés sur mesure. Katharine Hepburn, pourtant âgée de près de 45 ans lors du tournage, incarne Patricia Pemberton, une jeune femme douée dans de nombreux sports et dotée d'une personnalité résolument moderne. Spencer Tracy (son amant à la ville) endosse le costume de Mike Conovan, agent et promoteur sportif tiraillé entre son goût pour l'argent pas toujours très propre, et sa bonté paternaliste. William Ching, enfin, joue le personnage du fiancé, Collier Weld, un homme respectable et soucieux des apparences. À noter aussi l'apparition brève mais efficace, vers la fin du film, d'un certain Charles Buchinski, qui prendra par la suite le nom d'acteur de Charles Bronson et dont c'est le premier rôle crédité au générique !


Plus qu'un simple film sur le sport, Pat and Mike - son titre original - raconte la quête d'indépendance d'une jeune femme. Entourée par un fiancé animé de bonnes intentions mais portant en lui une problématique malédiction (lorsqu'elle croise son regard sur le parcours ou sur un court de tennis, Pat perd aussitôt tous ses moyens), et par un manager surprotecteur à l'encontre de celle qu'il appelle son "investissement", l'énergique Miss Pemberton ne cesse de lutter pour essayer de faire comprendre à ces messieurs qu'elle a le droit de contrôler elle-même sa vie. Dans une Amérique des années 50 encore peu sensible au féminisme naissant, cette âpre quête n'est pas sans créer quelques décalages judicieusement exploités pour le bien de la comédie.


De manière assez étonnante mais, à y regarder de plus près, logique, cette quête de l'émancipation ne le cède jamais à la tentation de la romance. Très amoureuse de Collier au début du film, Pat s'en éloigne peu à peu, aussi bien géographiquement que sentimentalement. Quant à l'idylle sous-jacente entre Pat et Mike, si elle est un temps suggérée, elle ne se réalise Dieu merci jamais. Une femme indépendante, c'est une femme seule, semble dire George Cukor.


Le film impressionne enfin par la qualité des scènes sportives, aussi bien au golf qu'au tennis. Pour l'anecdote, Pat croise face à elle, sur les fairways du prestigieux Riviera Country Club de Los Angeles (dont Hepburn était membre), quelques-unes des plus grandes championnes de l'époque : Betty Hicks, Helen Dettweiler et la légendaire Babe Zaharias. Sur les courts de tennis, on la retrouve opposée (ou associée) à Donald Budge, Gussie Moran et Alice Marble.


Au final, bien que pas exempt de tout reproche dans son montage comme dans son scénario, et très loin des sommets atteint par son réalisateur avec l'inoubliable Indiscrétions douze ans plus tôt, Mademoiselle Gagne-tout se regarde avec plaisir, sans éclats de rire mais avec un petit sourire au coin des lèvres.

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le 4 avr. 2016

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The Maz

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