Il y a des choses profondément attendrissantes dans « Maestro ». A commencer sans doute par ce double hommage à Eric Rohmer et Surtout Jocelyn Quivrin (à l’origine du projet). Par cette caricature douce et amère, on découvre le grand maître du cinéma d’auteur français, aux films réputés maniérés et difficiles d’accès pour le grand public, comme un ascète des mots, coincé dans un carcan élitiste, qui en fin de vie, lui pèse et qu’il aimerait fuir. Le catalyseur de cette liberté tant attendue, est le jeune Henri, pseudo acteur, un peu branleur, qui arrive par hasard sur le tournage. Il y est un véritable trublion. C’est cette complicité, cette connivence entre le maître et l’élève qui nous offrent au film ses plus beaux moments. Le vieil homme, qui sait que son genre de cinéma s’éteindra avec lui, tente de passer le flambeau à ce jeune homme libre, doué. Il va lui transmettre l’essentiel pour qu’il le porte dans son univers si radicalement différent. Tout aussi réjouissant, est de voir Piu Marmaï pouvoir enfin donner la vraie dimension de son talent. Là où il végétait depuis quelques années, ici, il est d’une rare intensité. Quant à Michael Lonsdale, dont l’extraordinaire longévité du talent ne faiblit pas, avec une bonne dose de second degré et de subtilité, il incarne un Cedric Rovère avec malice, causticité et un énorme respect ! Chapeau les artistes !

Créée

le 10 sept. 2014

Critique lue 439 fois

9 j'aime

4 commentaires

Fritz Langueur

Écrit par

Critique lue 439 fois

9
4

D'autres avis sur Maestro

Maestro
Rawi
7

Choc des cultures

Nous sommes ici en pleine mise en abyme de ce que peut être l'art (ou pas) cinématographique actuel. Le réalisateur nous amène sur le tournage du dernier film de Cédric Rovere (toute assonnance...

Par

le 14 déc. 2014

29 j'aime

8

Maestro
Tsi_poulet
7

Critique de Maestro par Tsi_poulet

Ce film a été fait pour tous les amoureux du cinéma, pour les comédiens qui ne cessent de se remettre en question, pour les régisseurs et leurs galères de tout instant, pour les preneurs de son et...

le 23 juil. 2014

19 j'aime

1

Maestro
CeeSnipes
8

Lettre d'amour à tous les cinémas.

Jocelyn Quivrin a découvert une nouvelle facette de son métier d’acteur lorsqu’il a tourné sous les ordres d’Eric Rohmer pour Les Amours d’Astrée et Celadon. Cela l’a tellement marqué qu’il en a...

le 23 janv. 2015

15 j'aime

1

Du même critique

Ni juge, ni soumise
Fritz_Langueur
8

On ne juge pas un crapaud à le voir sauter !

Ce n'est pas sans un certain plaisir que l'on retrouve le juge d'instruction Anne Gruwez qui a déjà fait l'objet d'un reportage pour l'émission Strip-tease en 2011. Sept ans après, ce juge totalement...

le 12 févr. 2018

59 j'aime

7

120 battements par minute
Fritz_Langueur
10

Sean, Nathan, Sophie et les autres...

Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...

le 24 août 2017

56 j'aime

10

Tale of Tales
Fritz_Langueur
9

La princesse aux petites poisses...

Indiscutablement « Tale of tales » sera le film le plus controversé de l’année 2015, accueil mitigé a Cannes, critique divisée et premiers ressentis de spectateurs contrastés. Me moquant éperdument...

le 3 juil. 2015

48 j'aime

11