L'une des plus belles surprises françaises de l'année 2014

Maestro contient deux volets. D'un côté, on nous amène la relation entre un jeune comédien, adepte de Fast & Furious et de la cool-attitude, et le réalisateur Robert/Rohmer, chantre des films lents et chiants, sur le terrain de la comédie. Et il y a de quoi se marrer, entre les problèmes épiques d'un tournage bien rustique dans son genre, anecdotes de tournage et direction artistique "autres". Ce duo complètement aux antipodes fait des merveilles, entouré de toute une micro-société qu'on ne retrouve que dans les films de Nouvelle Vague. Viennent s'ajouter une amitié qui nous accompagne dans le plaisir déviant d'assister à un film moche et mal joué, en plus de nous fournir le sourire en accumulant connerie sur connerie, et une histoire d'amour naissante sympathique et loin d'être accessoire.

Mais de l'autre, on apporte aussi sur le plateau le fruit de cette expérience de tournage. Sans pour autant nous enlever le sourire, on finit par (re)découvrir avec les personnages le cadre choisi par Robert/Rohmer, qui prend alors légèrement à revers la superficialité du personnage principal, par sa sincérité, sa profondeur, et son authenticité. Mieux encore, ils apprennent l'un de l'autre, sans aucun cynisme. Du coup, on les prend réellement en sympathie, y compris ce bon vieux Robert (alors qu'à la base, moi et la Nouvelle Vague, ça fait deux). En somme, un tournage foutu d'avance (même Robert le savait en fin de compte, c'est ça qui est bon), mais doté d'un grand coeur.

Le véritable talent de ce petit film qui cache bien son jeu, c'est donc de réussir à faire cohabiter ces deux plans sans que l'un domine l'autre de sa présence. Touchant et amusant à la fois, habité par un casting rafraîchissant et attachant, Maestro est certainement l'un des films français à retenir cette année.