Magic Cop
6.7
Magic Cop

Film de Stephen Tung Wai (1990)

La plupart du temps, les ghost kung fu comedy sont des films en costume, et dans un genre aussi codé, si on veut apporter un peu de frais, il n’y a pas 50 solutions. Certains ont essayé mixé ça avec d’autres genres, comme le film de fantômes romantiques à la Chinese Ghost Story. Certains ont plus accentué le côté horrifique, le côté kung fu, ou le côté comédie. D’autres ont tenté de transposer l’histoire à une autre époque que celle popularisée par L’Exorciste Chinois dans un premier temps, puis Mr Vampire dans un deuxième. Magic Cop est de ceux-là puisqu’il situe son histoire dans à la fin des années 80 (le film est sorti en 1990) et il fait largement mieux qu’un Mr Vampire II qui tentait la même approche (ce n’était pas dur en même temps). Mieux encore, Magic Cop fait partie du haut du panier des films du genre, et ce deuxième visionnage de la bête aura été des plus réjouissants.


Parfois également appelé Mr Vampire 5, produit par Lam Ching-Ying lui-même, Magic Cop est la première réalisation de Stephen Tung Wai, acteur sur de nombreux films et chorégraphe de toute une tripotée de chouettes bobines martiales ou de polars tels que Mr Vampire 3, The Blade, Le Syndicat du Crime, Seven Swords ou encore Reign of Assassins. Un gars sur qui on peut compter comme on dit. Lam Ching Ying reprend ici son rôle de maitre de la magie noire qui va aider la population avec ses talents. Il incarne un policier vétéran, mais comme un personnage lui fait remarquer en début de film « tu ressembles plus à un prêtre taoïste qu’à un policier ». Mais époque contemporaire oblige, exit le costume jaune, exit le petit couvre-chef, exit l’épée en saule, mais bonjour la longue veste noire à la Chow Yun-Fat et la badassitude. Magic Cop évoque la façon dont les anciennes croyances sont vues par la nouvelle génération et comment les vieux de la vieille ont parfois du mal avec les nouvelles technologies. Les codes sont malgré tout les mêmes, mais le taoïsme va être opposé à la science. Au lieu de disciples, on va coller au personnage du policier taoïste un jeune policier terre à terre qu’il faudra convaincre et un sidekick rigolo bien plus enclin à croire aux esprits. Au lieu d’un prêtre taoïste ennemi, c’est une méchante sorcière japonaise qui va utiliser sa magie pour faire du trafic de drogue. Et bien entendu, comme dans Mr Vampire, on aura droit à une amourette rigolote entre une jolie jeune fille et les disciples. Pour renforcer le « camp » des anciens, le toujours excellent Wu Ma est présent dans le casting dans un second rôle, comme pour rappeler qu’il a également pas mal œuvré dans ce sous-genre si typique du cinéma de Hong Kong et qui à lui seul représente bien toute la folie de celui-ci.


La première partie du film, malgré une intro qui tabasse pas mal, est très axée comédie, de la comédie moins lourde qu’à l’accoutumée dans le genre bien que malgré tout très cantonaise (et donc pas forcément facile d’accès) dans l’âme. Les scènes d’action seront essentiellement centrées dans la deuxième partie du film, avec d’abord de l’action fun, avec pitreries des sidekicks, puis de l’action bien plus sérieuse avec même quelques échanges pieds / poings très réussies dans lesquelles vont être impliqués Lam Ching-Ying, Billy Chow et Michiko Nishiwaki. Le casting est d’ailleurs de haute volée. On a un excellent Lam Ching-Ying dans un de ses meilleurs rôles dans le genre, sérieux mais régulièrement dans un humour pince-sans-rire. Les deux disciples, Wilson Lam et Michael Miu sont là pour apporter la touche d’humour tout le long, régulièrement en train de se disputer ou de faire des entourloupes. Billy Chow est malheureusement sous exploité mais impose malgré tout par son charisme animal dans chacune de ses apparitions. Mais aussi une Michoko Nishiwaki très crédible dans le rôle d’une belle mais très dangereuse sorcière impitoyable. Cette dernière est un adversaire de taille pour l’imperturbable Lam Ching-Ying et ses pouvoirs sont très bien mis en valeur par des cascades et autres effets spéciaux. Ces SFX restent kitchs, mais sont pourtant parmi les meilleurs qu’on ait vu dans le genre. Les scènes de magie sont réellement excellentes et font souvent preuve d’une réelle originalité. Certaines scènes font parfois preuve d’une folie typique du cinéma de Hong Kong. Le long final absolument mémorable va enchainer des scènes toutes plus inventives les unes que les autres. Boules de feu, rayons de la mort, cordes qui prennent vie, torche humaine, c’est du délire top niveau comme on les aime pour ce genre de film. La mise en scène carrée de Stephen Tung Wai est énergique et son film est bien rythmé. Il arrive à tout condenser en 1h28 sans jamais ne rien laisser trainer, déroulant un scénario certes mince mais sans aucun accroc.


Magic Cop, c’est le haut du panier de la ghost kung fu comedy et tout amateur du genre se doit de l’avoir vu. C’est rythmé, c’est fun, et le final du film, avec son méchant qui refuse de mourir, est assez mémorable.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-magic-cop-de-stephen-tung-wai-1990/

cherycok
8
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le 4 oct. 2023

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