Je découvre Heinz Emigholz avec ce documentaire sur les ponts construits par Maillarts (inconnu au bataillon) et franchement j'aime beaucoup l'idée de la biographique à travers l’œuvre architecturale. On a donc une petite demi-heure de plans fixes de ponts filmés principalement en contre-plongée. Le cadre est par ailleurs toujours incliné. On a rarement des plans d'ensemble, on ne voit jamais l'intégralité du pont, on ne voit que des détails, les formes, les motifs qui se répètent d'un pont à l'autre... Mais du coup ça donne une dimension profondément humaine au cadre et au film. On voit l’œuvre comme n'importe qui verrait l’œuvre, on donc du point de vue d'un humain réel, et pas avec des vues aériennes que personne ne verra jamais.
D'ailleurs cette dimension humaine du cadrage va avec le choix des ponts (voire de l'architecte, je ne sais pas ce qu'il a fait d'autre) étant donné que c'est souvent des petits ponts de campagne qui passe au-dessus de ruisseaux, de petites rivières et il y a réellement un côté proche du peuple, un côté « le vieux pont qui traverse la petite rivière du village » qui est réellement appréciable.
Le son fait beaucoup vu qu'on n'a pas de commentaire, pas de voix off, on entend juste le bruit de l'eau, de la nature et parfois, un peu, de la circulation.
Et c'est peut-être le plus bel hommage que l'on puisse faire, montrer dans les conditions réelles comment sont encore utilisés ces ponts. L'absence de commentaire permet au spectateur de se focaliser sur les détails et de les retrouver de pont en pont... Un film participatif en somme.