Impressionnant. Il va être temps de redescendre ! Le concept est puissant, l'application d'un idéologisme confinant au délire, le déroulement aberrant (et l'emballage hideux mais pour ça il y a carte blanche – « Kubrick mes couilles ! » avec son Barry Lyndon de l'ancien monde). Le court-métrage cumule le pire des nuisances quotidiennes sur l'espace de quelques heures de la journée d'un type – un homme dans un monde parallèle où les femmes assument les fonctions des hommes. Admettons que ces nuisances s'accumulent à ce point et à ce degré, sur une même personne (dont la vie se résume à être victimisée, mais après tout cela existe, cela nourrit même des egos) ; mais en s'accordant avec son point de vue, il reste une catastrophe ou une débilité.
Pour commencer cet homme subirait quelques remarques méprisantes et serait humilié, plutôt que traité en objet sexuel ou traité hypocritement comme un 'allumeur'. Oui car cet homme est, disons-le poliment, enrobé et peu attractif. Une femme sous la 'moyenne' ou 'laide' subira évidemment des brimades, mais elles n'iront pas si vite ou systématiquement dans ce sens-là. Surtout si elle s'habille d'une façon aussi terne (c'est un des détails secondaires ruinant la crédibilité du propos – enfin de telles considérations sont tellement étroites, [petites-]bourgeoises peut-être). Mais le plus absurde est la réaction de sa conjointe au commissariat, agacée par sa plainte contre la société (« féministe » - oui le film saborde son combat en amalgamant les mots, mais c'est sûrement la faute à un niveau d'exigence et de logique inaccessible aux masses non-averties). Il est peu probable qu'un homme ait ce genre de réaction. À la rigueur, s'il fallait diaboliser le mâle, qu'il enrage d'avoir laissé son 'objet' lui échapper ! Ou alors l'épouse du violé a peur de ce groupe, ou d'autre chose ; il aurait fallu expliciter plutôt que finir sur une pirouette très z'artistique. Les concepteurs de ce film sont rendus tellement loin qu'ils ne savent même plus attaquer convenablement. Peut-être qu'en vérité, cette réaction, comme les autres, est excentrique, peut-être que ces personnages sont simplement fantaisistes et ne prétendent pas refléter la réalité ; mais alors à quoi sert ce film et comment peut-il encore espérer tenir debout et plus encore, tenir son discours ?
La crédibilité compte moins que la démonstration, acceptons là aussi, mais grâce à cette approche nous voyons directement toutes les fautes d'appréciation des auteur-e-s du film. Ils estiment (oh mille excuses – il-lles estiment – veuillez agréer toute ma confusion distinguée, vraiment) que les comportements efféminés relèvent de la soumission, infligée aux femmes, non d'un caractère féminin ; en prenant littéralement cette hypothèse (défendable), ils aboutissent à un résultat entièrement faux, d'un comique involontaire certes mais qui ne saurait être autre chose que navrant ou déplorable (à l'exception de la scène du feu, trop sanguine et grotesque). Peu importe la théorie ou les envies, il vient un moment où un homme et une femme sont trop différents (ces différences ne justifient pas la persécution pour la plupart des gens – même passive, complice, systémique) ; un homme soumis comme une femme ne va pas imiter les manières d'une femme, il aura l'air d'un homme soumis, pas d'un homme déguisé en mégère ou en pré-vieille cachée sous son voile (sommes-nous en présence d'un prequel caché de Guillaume et les garçons ?). Le physique ingrat du personnage n'est pas en cause ; si le court touchait juste, même un peu, les hommes pourraient au moins être gênés (y avait-il la crainte de montrer un 'homosexuel d'apparence' et donc passer pour des archaïques ou des beauf-e-s ?). Ils ne pourront qu'être consternés s'ils ne sont pas simplement ennuyés ou amusés. Ce film aurait mieux fait de retourner des rapports sociaux sérieux, de miser sur les différences au travail notamment, plutôt que de mettre en scène de façon si pauvre et péremptoire la fameuse 'objectivation' – sans se rendre compte que cette hostilité généralisée ne vient pas du sexe de l'agresseur ou de l'agressé, ou de façon marginale, ou à une échelle plus 'haute'. N'importe qui peut subir ce genre de négation ou de malmenage (ou de voisine inepte/syndic à grande gueule, ou de remarques paternalistes, ou demandes à être plus aimable), même sans faire partie d'une minorité – et un individu seul sera plus certainement exposé qu'une minorité, d'ailleurs l'homme de la 'normalité' n'a, comme l'exclu, pas la 'majorité' pour le défendre et l'immuniser face à un groupe numériquement puissant et turbulent. Les étiquettes de discriminés sont pratiques lorsqu'on a un 'soi' à revendiquer ; porter ce 'soi' (qui plus est seul-e) serait trop lourd, en même temps il faut bien faire valoir et rentabiliser ce qu'on tient, ou ce qu'on se fabrique, ou ce qu'on s'inflige comme filtres à 'conscience' !
La version longue, Je ne suis pas un homme facile, passe pour subtile à côté. C'est un début de bonne nouvelle. Car si des femmes ont effectivement ce genre de représentations et sont sûres de leur fait, c'est à se demander si effectivement, un apartheid entre les genres n'est pas désirable. Au moins le mythe de la femme naturellement plus psychologue sort atomisé par ce film, preuve que toute contribution au progrès n'est pas perdue ! Et si vous estimez être victime constamment de tels assauts ; si c'est vrai ; alors décentrez votre perspective (c'est plus honnête que de vous encourager à vous enfuir, car alors je ferais preuve d'hypocrisie droitière ou de cynisme déguisé). Peut-être que votre espace de vie est plus largement ensauvagé ? Après tout ce film le valide déjà et va même au-delà, puisqu'avec lui les groupes de jeunes crétins exogènes [arabes] ont tellement la confiance qu'ils peuvent violer en plein jour dans un quartier pourtant manifestement loin d'être devenu une zone de non-droit (même si le droit et la loi ne sont pas là pour protéger le sexe 'faible', comme en atteste le passage devant la police – ce film, comme les gens qui valideront immanquablement son discours, a une façon bien corrompue d'envisager la notion de 'majorité opprimée' et de justice à deux vitesses). Les fafs n'en demandent pas tant ; enfin, si cela sert le noble combat féministe, il n'y a probablement qu'à se recueillir, consentir et se taire.
Oh et pour la femme torse nue, ce qui doit choquer le spectateur tant celui-ci est tenu sous hypnose par le patriarcat ; comment réagiriez-vous en tombant sur un homme bite à l'air et mouilles aux gants en pleine rue ? .. Oui, « voilà ». Sûrement une nuance que les non-intersectionnalisés du bulbe ne pourront pas saisir.
https://zogarok.wordpress.com/2018/07/01/majorite-opprimee/