Besson n'est pas encore réveillé
Je ne le dirai jamais assez : cela fait plusieurs années que nous avons perdu Luc Besson, le génial réalisateur de films littéralement cultes (Subway, Le Grand Bleu, Nikita, Léon, Le Cinquième Élément). Qui s’est complètement laissé aller à diverses productions sans intérêt et à des réalisations bas de gamme (la trilogie des Minimoys et Adèle Blanc-Sec pour ma part). Pour son nouveau film, Besson se lance dans l’hommage aux titres de gangster et de mafiosi, cinéma attitré d’un certain Martin Scorsese. Et quand le film en question se trouve être produit par ce dernier, en plus d’avoir Robert De Niro en tête d’affiche, le frenchie semble avoir trouvé la formule gagnante pour son grand retour. Renaissance réussite auprès du grand public ?
Pour ceux qui ne le savent pas, Malavita est une adaptation. Celle du roman de Tonino Benacquista, reconnu pour avoir livré un antihéros de qualité en la personne de Giovanni (le protagoniste principal). Qui dressait le portrait d’une famille. Celle d’un mafieux qui, après voir balancé tous ses complices et supérieurs, se retrouvent avec sa femme et ses deux enfants à être déménagés à droite à gauche, protection des témoins oblige. Mais quand on est gangster dans le sang, on le reste, quitte à créer la zizanie à chacun de ses passages. Dernière destination en date : Cholong-sur-Avre, en Normandie. Où notre famille va causer bien des soucis aux habitants (explosion de superette, étudiants malmenés…).
C’est doute cela qu’il fallait à notre Luc Besson pour se refaire : une histoire qui pouvait se dériver en comédie noire. Où il est jubilatoire de voir la fille fracasser la tête d’un prétendant à coup de raquette de tennis. De voir le fils dealer à l’école. De voir le père péter un câble sur un plombier ou contre un directeur d’entreprise (allant même jusqu’à imaginer quelques règlements de compte). D’assister à des joutes verbales entre le père et l’agent qui assure sa sécurité et celle de sa famille. Bref, de se fende la poire avec du bon divertissement à la Besson !
Sans oublier les nombreuses références voulues par le réalisateur en l’honneur des films de mafieux. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien de retrouver en couple vedette des incontournables du genre que sont Robert De Niro (Le Parrain 2, Il était une fois en Amérique, Les Affranchis, Casino) et Michelle Pfeiffer (Scarface, Veuve mais pas trop). Et les voir jouer les mafiosi, en compagnie de leurs « enfants » Dianna Agron et John D’Leo, c’est plutôt amusant. Nous proposant des séquences drôles, jusqu’à faire face le personnage de De Niro et le film des Affranchis comme hommage à Scorsese.
Mais malheureusement, trop de références tuent le film. Et Malavita en fait les frais ! Au point que le long-métrage tombe trop souvent dans la parodie. Notamment avec cette musique italienne qui gâche l’ambiance (Besson n’aurait sans doute pas dû se séparer d’Éric Serra pour ce projet) ou ce cliché de voir un mafieux en imper et chapeau comme dans les années 30, alors que l’histoire se déroule quand même en 2013. Donnant ainsi l’impression d’une farce et non d’une véritable comédie à la noirceur délectable.
Et puis aussi, Malavita possède d’énormes problèmes de rythme. Pas que le film ne bouge pas (l’action n’étant pas l’intérêt du film, sauf pour le final, assez entraînant, prouvant que Besson en a encore sous le capot). Mais plutôt du fait que l’humour est assez mal calibré. Une séquence se présente, on rit et il faut attendre un bon moment avant de rire de nouveau. La faute à un scénario qui ne creuse pas énormément ses personnages (surtout celui de Giovanni) et qui approfondis des trames secondaires à l’excès alors qu’elles se montrent inutiles (l’exemple de la romance de la fille avec un jeune prof, qui tourne le film dans la niaiserie). De ce fait, Malavita ne se montre pas aussi fendard qu’il aurait pu être, mais plutôt aussi peu actif que De Niro dans son peignoir et ses pantoufles.
Bref, Malavita ne sera pas le grand retour de Luc Besson sur le devant de la scène, ayant livré un film un brin paresseux et de faible envergure. Mais il faut bien admettre le réalisateur n’a pas définitivement perdu ce petit truc qui faisait le succès de ses anciens films. Qui attend de se réveiller à nouveau ! En attendant cette étincelle qui pourrait éclater avec le prochain projet (Lucy), contentons-nous de Malavita et profitons d’un divertissement, certes peu mémorables, mais assez bien mené par les acteurs (qui semblent s’amuser, surtout Pfeiffer et D’Leo) et comportant quelques passages qui feront vraiment rire. Vaut mieux un petit Besson que du grand n’importe quoi !